Les Interventions de Développement des Systèmes de Marché s’avèrent Efficaces pour Améliorer la Productivité Agricole au Mozambique
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Selon une nouvelle note de synthèse publiée par l’IFPRI, une intervention innovante de Développement des Systèmes de Marché (DSM) au Mozambique a permis d’accroître l’utilisation d’intrants agricoles et l’accès aux informations essentielles sur le marché parmi les petits exploitants agricole. Ces résultats s’étendent également au-delà des bénéficiaires directs, soulignant le potentiel de ces interventions à fournir des avantages de grande envergure.
Le projet Innovation for Agribusiness (InovAgro) (financé par la Direction Suisse du Développement et de la Coopération (DDC) et mis en œuvre par Development Alternatives (DAI Europe, Ltd.) en partenariat avec COWI Mozambique) visait à aplanir les obstacles du marché qui réduisent l’accès et l’adoption de technologies et d’intrants agricoles modernes. Ce manque d’accès et d’utilisation d’intrants modernes joue un rôle important dans la faible productivité agricole et la faible participation au marché qui caractérisent les petits exploitants agricoles au Mozambique.
InvoAgro a développé plusieurs Interventions sur la Chaîne de Valeur (ICV) axées sur l’accès aux semences certifiées et autres intrants ; le développement de réseaux d’achat agricole par le biais de négociants agrégateurs de produits de base ; l’accès aux prêts, aux groupes d’épargne et à d’autres mécanismes de financement ; et l’accès au régime foncier (titres fonciers, cartes d’identité nationales et enregistrements fiscaux). Ces interventions ont été conçues pour aider à accroitre le revenu des ménages et à renforcer la sécurité financière des petits exploitants agricoles pauvres en augmentant la participation aux chaînes de valeur rentables (maïs, soja, pois cajan, sésame et arachide), en augmentant la productivité globale des agriculteurs pour ces cultures importantes et en augmentant le volume total de production pour chaque culture. Les ICV ont été mises en œuvre dans 11 districts du nord du Mozambique.
Une évaluation récente du projet InvoAgro a impliqué l’utilisation d’un Essai Contrôlé Randomisé modifié (ECR) pour examiner l’impact des ICV des intrants agricoles au niveau des ménages et du marché. Ces ICV comportaient le recours à des agrodealers, la formation par les agriculteurs principaux et des parcelles de démonstration. L’ECR a examiné spécifiquement l’utilisation des intrants des ménages, la productivité agricole, les droits fonciers et l’autonomisation des femmes et des jeunes ; au niveau du marché, il a examiné les répercussions à long terme, la durabilité, les effets de contagion et les imprévus de l’ICV, tant positifs que négatifs. Les données de panel ont été collectées en 2015, 2017 et 2019. Une analyse à effets fixes a été utilisée pour tenir compte de toute influence externe, comme la politique gouvernementale ou l’apprentissage naturel des agriculteurs, et a comparé les résultats au niveau des ménages et du marché avant et après l’ICV pour les bénéficiaires et les non-bénéficiaires.
Il a été constaté que le projet InvoAgro améliorait considérablement la probabilité pour les ménages d’utiliser des pesticides, des herbicides et des engrais parmi les ménages exposés à une seule ICV et ceux qui ont reçu les trois ICV. Les mêmes résultats s’appliquaient à l’accès des ménages à l’information sur les marchés des intrants et des extrants agricoles à court et à long terme. Le projet a également augmenté la productivité du maïs des bénéficiaires et augmenté leur probabilité de s’engager dans des chaînes de valeur commerciales.
Le projet a eu un impact positif sur les activités génératrices de revenus non agricoles pour les femmes et les jeunes, ainsi que sur le bien-être général des ménages (en particulier l’exposition au programme de trois ICV).
Au niveau du marché, une grande proportion de ménages ont continué d’utiliser des pratiques agricoles modernes après avoir été exposés aux ICV InvoAgro par rapport à d’autres ICV non DSM, en particulier pour le soja et les pois d’Angole. Cela suggère que les ICV DSM comme InvoAgro réussissent particulièrement bien à maintenir leurs avantages à long terme.
Le projet a également eu d’importants effets de contagion. Les ménages situés à proximité des ménages InvoAgro étaient plus susceptibles d’avoir adopté des technologies agricoles modernes (dans ce cas, des variétés de semences certifiées) entre les saisons 2016-2017 et 2018-2019 que les ménages plus éloignés des ménages InvoAgro. Ce résultat souligne comment les avantages des interventions DSM comme InvoAgro peuvent s’étendre au-delà des bénéficiaires directs du projet et avoir un impact positif sur la communauté au sens large.
L’évaluation du projet a toutefois révélé plusieurs impacts négatifs. Les ICV ont encouragé les ménages à se spécialiser dans des cultures particulières, réduisant ainsi la diversification globale des cultures des ménages. Cela a également entraîné une réduction de l’accès et du contrôle foncier pour les femmes et les jeunes à court terme, bien que le résultat pour les femmes ait été inversé à long terme. L’équipe de recherche suggère que ces résultats pourraient être motivés par la concurrence accrue pour les terres découlant de pratiques agricoles plus commercialisées et plus rentables encouragées par le projet. En termes de politique, les défis liés à l’inclusion des femmes, des jeunes et d’autres groupes vulnérables dans le développement agricole doivent être pris en compte lors de la conception des interventions de lutte contre les DSM et d’autres chaînes de valeur.