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L'avenir de la politique de sécurité alimentaire de l'Afrique : publication du rapport 2025 sur la politique alimentaire mondiale

Les quarante dernières années ont été marquées par des progrès et de nouveaux défis pour l'agriculture africaine. Alors que les approvisionnements alimentaires globaux par habitant sont devenus plus stables et que la productivité agricole s'est améliorée, la dépendance de la région vis-à-vis des importations alimentaires a augmenté, passant de 39 % entre 1985-2000 à 46,6 % entre 2016 et 2023. En outre, la sécurité alimentaire, les moyens de subsistance et le bien-être général d'une grande partie de la population africaine restent plus vulnérables que jamais aux effets négatifs du changement climatique, de l'instabilité politique et des conflits, ainsi qu'aux chocs économiques.

Le chapitre 19 du Rapport sur les politiques alimentaires mondiales 2025 de l'IFPRI donne un aperçu des développements des politiques alimentaires régionales au cours des dernières décennies, ainsi qu'une feuille de route pour les politiques et la recherche visant à soutenir un système agroalimentaire mondial plus durable et inclusif à l'avenir.

Le chapitre met en évidence les échecs des stratégies de développement économique antérieures mises en œuvre entre le milieu et la fin des années 1900, notamment l'accent mis sur l'industrialisation au détriment du secteur agricole. Même les stratégies et les réformes politiques qui ont apporté une certaine stabilité économique à long terme, comme les programmes d'ajustement structurel institués dans les années 1980, ont souvent eu des effets néfastes sur l'agriculture et ont laissé de côté les populations vulnérables.

Depuis 2003, le Programme détaillé pour le développement de l'agriculture africaine (PDDAA) de l'Union africaine a mis l'accent sur le secteur agricole en tant que principal moteur d'un développement économique plus durable et inclusif. Les objectifs initiaux du PDDAA ont été énoncés dans la Déclaration de Maputo, notamment une allocation ambitieuse de 10 % des budgets nationaux au secteur agricole et un taux de croissance agricole annuel de 6 %. En 2014, les États membres du PDDAA ont élargi ces objectifs avec la Déclaration de Malabo, qui visait à tripler le commerce agricole intra-africain, notamment par la création de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).

Toutefois, les défis macroéconomiques et la faiblesse des capacités de gouvernance ont limité le succès de ces engagements. Si certains pays membres ont fait plus de progrès que d'autres sur ces objectifs à grande échelle, la plupart n'ont jamais atteint l'engagement budgétaire de 10 %, et aucun n'est en voie d'atteindre tous les objectifs de la Déclaration de Malabo d'ici 2025.

Début 2025, les décideurs politiques de l'Union africaine se sont réengagés à renforcer les systèmes agroalimentaires de la région par le biais d'une nouvelle stratégie et d'un nouveau plan d'action sur 10 ans dans le cadre du PDDAA. Ce plan appelle à un engagement politique et une gouvernance plus forts, au renforcement des capacités institutionnelles et à l'amélioration du suivi, de l'évaluation et de l'établissement de rapports afin de tenir les décideurs responsables de leurs engagements. Il met également l'accent sur la création de plans nationaux d'investissement dans les systèmes agroalimentaires afin de mieux guider la mise en œuvre d'interventions de développement durable des systèmes agroalimentaires.

Se penchant sur les 25 années de politique alimentaire et de recherche en Afrique, le chapitre met l'accent à la fois sur les défis et les opportunités qui se présenteront en raison des tendances actuelles telles que l'urbanisation et le développement technologique rapide. Pour tirer parti de ces occasions de renforcer le système agroalimentaire de la région, il faudra un engagement renouvelé à l'égard d'une gouvernance solide et du renforcement des capacités. Il souligne également la nécessité de continuer à investir dans l'agriculture intelligente face au climat afin d'aider la région à s'adapter à un climat changeant et de veiller à ce que le développement du secteur agricole et de l'économie régionale dans son ensemble ne néglige pas les petits exploitants agricoles, les femmes, les jeunes et les autres populations vulnérables.

Sara Gustafson est rédactrice indépendante.