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La faim aiguë continue d'augmenter dans le monde : Publication de la mise à jour semestrielle du Rapport mondial sur les crises alimentaires

Des niveaux alarmants de faim et d'insécurité alimentaire sont en augmentation dans le monde entier. Selon la mise à jour semestrielle de septembre 2021 du Rapport mondial sur les crises alimentaires (GRFC), on estime que 161 millions de personnes dans 42 pays/territoires ont été confrontées à une insécurité alimentaire de niveau crise (IPC/CH Phase 3) ou plus. Ce chiffre est en hausse par rapport aux 155 millions de personnes en situation d'insécurité alimentaire aiguë estimées par le GRFC pour 2020.

Le nombre de personnes confrontées à une insécurité alimentaire catastrophique (phase 5 de l'IPC/CH) a notamment augmenté : 584 000 dans quatre pays à la mi-année (Éthiopie, Madagascar, Soudan du Sud et Yémen). Cela représente un nombre plus de quatre fois supérieur aux estimations de l'insécurité alimentaire de la phase 5 pour l'ensemble de l'année 2020. Parmi les autres pays confrontés à des crises alimentaires importantes et à des risques de famine figurent la République démocratique du Congo (RDC), le Nigeria et le Soudan. Toutes ces populations ont besoin d'une aide humanitaire urgente pour éviter la catastrophe.

L'augmentation de l'insécurité alimentaire et de la faim est due à plusieurs facteurs familiers : les conflits, le changement climatique et les conditions météorologiques extrêmes, et les chocs économiques. Depuis 2020, ces facteurs ont été exacerbés par la pandémie de COVID-19. Ces causes profondes ont été relevées par de multiples rapports ces dernières années, notamment le dernier rapport sur l'état de la sécurité alimentaire et de la nutrition (SOFI).

Les conflits ont joué un rôle majeur dans l'augmentation des niveaux de la faim en Afrique. Les pays touchés par des conflits en cours ou qui s'intensifient comprennent la République centrafricaine (RCA), la RDC, le Mozambique, l'Éthiopie, la Somalie, le Cameroun, le Tchad, le Niger, le Nigeria, le Burkina Faso et le Mali. En Amérique latine et dans les Caraïbes (ALC), Haïti a également connu une recrudescence des conflits et des troubles civils à la suite de l'assassinat de son président plus tôt dans l'année. Dans tous ces pays, les conflits ont déplacé des populations, perturbé la production et le commerce agricoles, réduit les moyens de subsistance et entravé l'aide humanitaire.

Les événements climatiques extrêmes et les catastrophes naturelles continuent également de contribuer aux crises alimentaires en 2021. En Afrique, la sécheresse a entraîné des répercussions sur la production agricole, les possibilités de générer des revenus et les prix des denrées alimentaires dans les régions suivantes : Madagascar, Angola, Tanzanie, Mozambique, Éthiopie, Kenya, Somalie, Ouganda, Mauritanie, Cameroun, Tchad, Guinée, Burundi, Sierra Leone et Mali. À l'autre extrême, les inondations ont détruit les cultures et perturbé les moyens de subsistance et le commerce dans certaines régions de la RCA, de la RDC, de la Zambie, du Soudan, de l'Éthiopie, du Sud-Soudan, du Burundi, du Bénin, du Tchad, de la Gambie, du Ghana, du Niger, du Nigeria et du Togo. Les invasions de criquets pèlerins ont continué à détruire les cultures et à réduire les réserves de nourriture de base en Angola, en Zambie et à Madagascar. Des catastrophes naturelles ont également frappé l'Amérique latine et les Caraïbes, notamment un tremblement de terre de grande ampleur en Haïti en août, ainsi que des précipitations inférieures à la moyenne dans ce pays. 

Enfin, les mauvaises conditions macroéconomiques et les chocs économiques ont contribué à l'augmentation des niveaux de faim aiguë et d'insécurité alimentaire, en partie à cause des efforts déployés pour stopper la propagation du virus COVID-19. De nombreux pays ont vu les prix des denrées alimentaires augmenter en raison de la baisse des approvisionnements et de l'augmentation des coûts d'importation. Il s'agit notamment de l'Ouganda, de la Somalie, du Sud-Soudan, du Soudan, de l'Éthiopie, du Ghana, de la Guinée, du Liberia, du Nigeria, de la Sierra Leone, du Honduras, du Guatemala, du Nicaragua, d'Haïti et du Salvador. La dépréciation de la monnaie et la réduction du pouvoir d'achat des ménages due à la perte de leurs moyens de subsistance ont aggravé les difficultés économiques dans bon nombre de ces pays.

La mise à jour de mi-année du GRFC montre clairement que, loin de s'atténuer, les crises alimentaires augmentent en fait dans le monde entier. Comme dans le rapport principal publié plus tôt dans l'année, ces résultats soulignent la nécessité de déployer des efforts urgents et coordonnés pour s'attaquer aux facteurs multiples de l'insécurité alimentaire. Il s'agit notamment de renforcer et de transformer les systèmes alimentaires mondiaux, régionaux et locaux afin qu'ils soient plus inclusifs et durables, et d'améliorer la résilience des populations face aux chocs futurs comme la pandémie de COVID-19.

Le Rapport mondial sur les crises alimentaires est préparé par 16 grandes organisations mondiales et régionales membres du Réseau mondial contre les crises alimentaires et publié chaque année par le Réseau d'information sur la sécurité alimentaire (FSIN), dirigé par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), le Programme alimentaire mondial (PAM) et l'IFPRI. Le rapport fournit les dernières estimations de la faim sévère dans le monde et au niveau des pays, ainsi qu'une analyse des principaux facteurs à l'origine des tendances actuelles de la faim, afin d'aider les organisations d'aide humanitaire et de développement à mieux se coordonner pour s'attaquer aux causes profondes des crises alimentaires. Les données proviennent principalement de la classification intégrée des phases de sécurité alimentaire (IPC) et du Cadre Harmonisé (CH). Le rapport 2021 suit l'insécurité alimentaire dans 55 pays/territoires vulnérables aux crises alimentaires, et le rapport semestriel fournit des données actualisées pour 42 de ces pays.