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L’insécurité alimentaire gagne du terrain en Afrique : Rapport global de 2021 sur les crises alimentaires

D’après le Rapport global de 2021 sur les crises alimentaires, le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire dans le monde a augmenté de 20 millions, en 2020. L’insécurité alimentaire sévère touche à présent 155 millions de personnes à travers 55 pays/territoires et certaines régions doivent faire face à des situations de famine.

Parmi les dix crises alimentaires les plus importantes identifiées par le rapport, six ont eu lieu en Afrique au Sud du Sahara (République Démocratique du Congo, Soudan, Nigéria, Ethiopie, Soudan du Sud et Zimbabwe). En République centrafricaine, 51% de la population est dans une situation d’insécurité alimentaire de phase IPC 3 (crise) ou plus ; ce chiffre atteint 55% en Soudan du sud. 

Comme dans les années précédentes, les conflits, les chocs économiques et les phénomènes météorologiques extrêmes sont les principaux déterminants des crises alimentaires dans la région. D’autre part, la pandémie de COVID-19 a exacerbé les défis alimentaires déjà existants dans de nombreux pays. La crise sanitaire actuelle a réduit les moyens de subsistance des populations, a perturbé les marchés alimentaires locaux et régionaux, et a aggravé l’état sanitaire. Ces chocs multiples se sont combinés en 2020 pour créer ce que les auteurs du rapport appellent « l’orage parfait » pour augmenter la faim et la malnutrition.

En Afrique centrale et du sud, 11 des 13 pays étudiés dans le rapport sont classifiés comme faisant face à des crises alimentaires majeures. Les chocs climatiques et les conflits continuent d’être les déterminants principaux des crises dans cette région, mais la pandémie de COVID-19 a créé des chocs économiques en plus qui ont aggravé les taux de famine. Dans la région, 40.2 millions de personnes faisaient face à une situation d’insécurité alimentaire de niveau IPC 3 ou plus. Plus de la moitié de ces personnes vivaient en République Démocratique du Congo, où 30% de la population était considérée comme étant en situation d’insécurité alimentaire sévère. Le Lesotho, le Zimbabwe, la République centrafricaine, le Malawi, le Mozambique, la Zambie, et Madagascar font également face à une forte insécurité alimentaire. Environ 2.5 millions d’enfants de moins de 5 ans vivants dans la région souffraient d’émaciation (maigreur extrême) et plus de 18.5 millions de ces enfants souffraient de retard de croissance, en 2020.

Le rapport prévoit une détérioration de la situation en 2021, estimant à 43 millions le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire de niveau IPC 3 ou plus, à cause des conflits, des déplacements de population, et de la pandémie de COVID-19.

En Afrique de l’Est, sept des huit pays étudiés dans le rapport ont fait face à des crises alimentaires en 2020. Trente-trois millions de personnes dans la région sont en situation d’insécurité alimentaire de phase IPC 3, parmi elles 75% vivent dans trois pays seulement : Soudan, Soudan du Sud et Ethiopie. Les mauvaises conditions météorologiques, le conflit, et les impacts économiques des mesures restrictives liées à la pandémie ont donné lieu à des crises alimentaires. De nombreux pays dans la région ont enregistré les plus fortes précipitations en 40 ans, qui ont donné lieu à des inondations et des glissements de terrain. De plus, l’Afrique de l’Est a fait face à la plus grande invasion de criquets depuis au moins trois décennies, résultant en des pertes de récolte et de pâturage dans certaines parties de la région.

Le rapport estime à 3.5 millions le nombre d’enfants de moins de 5 ans dans ces huit pays à souffrir d’émaciation et à 14.1 millions à souffrir de retard de croissance, en 2020. Le rapport estime que les crises alimentaires vont continuer dans la région en 2021, avec entre 27.4 et 28.2 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire de niveau de « crise » ou pire à cause des mauvais conditions météorologiques, des chocs économiques, des conflits et de déplacement de population.

En Afrique de l’Ouest et au Sahel, sept des dix-sept pays faisant partie du rapport font face à des crises alimentaires majeures. L’augmentation des conflits et les déplacements massifs de population ont mis 24.5 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire sévère – près de deux fois plus qu’en 2019. Les perturbations sur les marchés, l’augmentation des prix des produits alimentaires, et la chute des revenus dus à la pandémie de COVID-19 ont participé à l’augmentation de la famine dans la région, tout comme les inondations dans certaines régions. Parmi ces 24.5 millions de personnes, presque 40% vivent dans le nord du Nigéria. Au Burkina Faso, 12000 personnes sont en situation d’insécurité alimentaire de phase IPC 5 (« catastrophe »).  

Environ 5.4 millions d’enfants de moins de 5 ans souffraient d’émaciation dans la région du Sahel en 2020, et environ 17 millions d’enfants de moins de 5 ans souffraient de retard alimentaire, dans toutes l’Afrique de l’Ouest. Le rapport ne prévoit pas d’amélioration de la situation en 2021, avec 29 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire de phase IPC 3 ou plus. La sécurité alimentaire devrait notamment se détériorer au Nigéria ; le rapport estime que 13 millions de personnes pourraient se retrouver en situation d’insécurité alimentaire sévère pendant la saison sèche.

Les résultats du Rapport global de 2021 sur les crises alimentaires mettent en avant le besoin urgent d’actions coordonnées pour résoudre le problème de l’insécurité alimentaire. Celles-ci incluent la transformation et le renforcement des systèmes alimentaires globaux, régionaux et locaux afin de les rendre plus inclusifs et pérennes, ainsi que l’améliorer la résilience des populations aux chocs futurs tels que la pandémie actuelle. Ce n’est qu’en reconnaissant la façon dont les conflits, les phénomènes météorologiques extrêmes et les chocs économiques se combinent et en les combattant de front que nous pourrons nous remettre sur la voie pour atteindre l’objectif de développement durable faim « zéro ».

Le Rapport global de 2021 sur les crises alimentaires est préparé par 6 organisations globales et régionales faisant partie du « Global Network Against Food Crisis », et est publié chaque année par le Food Security Information Network (FSIN), dirigé par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le programme alimentaire mondial, et l’IFPRI. Le rapport fournit les dernières prévisions en termes de faim dans le monde et par pays, ainsi qu’une analyse des déterminants clés des tendances récentes sur ce sujet, afin d’aider les organisations d’aide humanitaire et les organisations de développement à mieux résoudre les causes de ces crises alimentaires. Les données proviennent principalement de la classification intégrée de la phase de sécurité alimentaire (IPC) et du Cadre Harmonisé (CH). Le rapport de 2021 étudie l’insécurité alimentaire dans 55 pays/territoires vulnérables aux crises alimentaires et fournit des analyses détaillées des causes de l’insécurité alimentaire sévère pour 34 de ces pays.