L'autosuffisance alimentaire n'est pas suffisante pour assurer la sécurité alimentaire, selon une nouvelle étude
- Sécurité alimentaire
- Marché
- Commerce
- Subvention
- Production agricole
- Accès à la Nourriture
- Disponibilité Alimentaire
- Afrique: Afrique subsaharienne
Articles associés
L'Afrique a-t-elle besoin de l'autosuffisance alimentaire pour atteindre la sécurité alimentaire à long terme ?
Pas nécessairement, selon nouvelle étude de l'IFPRI.
Alors que la sécurité alimentaire continue de se détériorer dans la région et que l'on estime à 600 millions le nombre de personnes souffrant de sous-alimentation chronique d'ici à 2030, le renforcement de la sécurité alimentaire et nutritionnelle de l'Afrique est devenu une priorité pour les décideurs politiques de la région. Les chocs récurrents subis par les marchés alimentaires mondiaux, notamment la crise alimentaire de 2008, la pandémie de COVID-19 et la guerre entre la Russie et l'Ukraine, ont mis en évidence cette nécessité.
Pour beaucoup, les politiques visant à promouvoir et à protéger la production alimentaire nationale - y compris les subventions ainsi que les restrictions à l'exportation et autres politiques commerciales restrictives - se sont révélées être des options attrayantes. Les partisans de ces politiques affirment qu'elles peuvent faire baisser la facture des importations alimentaires de l'Afrique et réduire le risque pour les consommateurs nationaux de subir des chocs sur les marchés alimentaires internationaux.
Mais cette autosuffisance en matière de production alimentaire ne semble avoir un impact que sur deux des quatre dimensions de la sécurité alimentaire, selon les conclusions de l'IFPRI : la disponibilité et l'utilisation des denrées alimentaires. Elle ne semble pas avoir d'effet sur l'accès à la nourriture ou la stabilité alimentaire. En fait, le commerce international ou régional peut souvent contribuer plus fortement à la stabilité alimentaire sur les marchés intérieurs.
En outre, à partir d'un certain point, les subventions publiques au secteur agricole n'ont plus d'impact positif sur l'autosuffisance alimentaire nationale et peuvent même avoir des effets négatifs. Bien que ces seuils soient plus élevés en Afrique que dans les régions plus développées, ils existent toujours et doivent être pris en considération.
Dans l'ensemble, la recherche montre que le lien entre l'autosuffisance alimentaire et la sécurité alimentaire n'est pas univoque. Il dépend en grande partie du niveau de développement et de la position commerciale nette d'un pays (c'est-à-dire s'il est un exportateur ou un importateur net de denrées alimentaires).
Quelles sont les implications pour l'Afrique ? Les efforts visant à protéger les marchés intérieurs et à renforcer la sécurité alimentaire nationale doivent être adaptés au contexte. Bien qu'elles puissent sembler attrayantes, les options politiques de « second choix », telles que les restrictions commerciales, ne tiennent souvent pas compte de ces spécificités. Par conséquent, elles risquent de ne pas cibler les facteurs sous-jacents de l'insécurité alimentaire croissante en Afrique et de finir par faire plus de mal que de bien aux marchés nationaux et internationaux.
Sara Gustafson est consultante indépendante en communication.