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L’ « agripreneuriat » des jeunes peut générer des revenus plus élevés et améliorer la sécurité alimentaire

On estime que jusqu'à 440 millions de jeunes (définis comme des personnes de moins de 30 ans) rejoindront le marché du travail africain d'ici 2030. Si le marché du travail ne peut pas supporter cette énorme population

En l’absence d’opportunités d’emploi et de moyens de subsistance adéquats, cette situation constitue une menace sérieuse pour la stabilité, le développement économique et la sécurité alimentaire de la région. Selon un récent document de conférence présenté à la 32e Conférence internationale des économistes agricoles, les programmes visant à autonomiser les jeunes entrepreneurs du secteur agroalimentaire – appelés « agripreneurs » – peuvent constituer un puissant moyen d’offrir de telles opportunités.

L’étude s’appuie sur les données du programme ENABLE-TAAT au Kenya et en Ouganda, qui intègre le développement de compétences techniques et générales, l’accès aux ressources productives du système agroalimentaire et la formation aux technologies modernes pour aider les jeunes agripreneurs à s’engager dans des chaînes de valeur agroalimentaires à forte valeur ajoutée et à revenus plus élevés. Au total, 1 038 personnes ont été interrogées, dont 477 participants au programme et 561 non-participants. L’enquête s’est concentrée sur les informations relatives aux revenus de l’agro-industrie et à la sécurité alimentaire des participants et des non-participants. Les revenus de l’agro-industrie sont définis comme la somme des revenus totaux provenant de la production végétale, des ventes de bétail et des produits agricoles transformés, tandis que la sécurité alimentaire est mesurée comme la somme pondérée du nombre de jours pendant lesquels chacun des 8 principaux groupes alimentaires a été consommé au cours des sept jours précédant l’enquête.

Les résultats positifs de la participation au programme ont été significatifs. Les jeunes qui ont participé au programme ENABLE-TAAT ont vu leurs revenus agricoles augmenter de 7 % et leur sécurité alimentaire s’améliorer de 76 %. Les participants avaient également une valeur patrimoniale plus élevée que les non-participants.

Les auteurs estiment que les 13 formations du programme sur les pratiques de gestion d'entreprise améliorées et les méthodes de production innovantes ont pu accroître leur production, améliorant ainsi à la fois les revenus et la sécurité alimentaire. La formation mettait également l'accent sur l'importance d'une alimentation saine, qui a probablement joué un rôle dans les résultats plus élevés des participants en matière de sécurité alimentaire.

Plusieurs facteurs semblent importants pour déterminer la probabilité que les personnes participent au programme. Plus précisément, l'expérience dans le secteur agroalimentaire, la valeur des actifs, l'accès au crédit, le lieu de résidence ainsi que la connaissance et la perception du programme avant l'adhésion sont tous des facteurs déterminants de la probabilité qu'une personne participe.

Les personnes ayant plus d’années d’expérience dans le secteur agroalimentaire étaient environ 3 % moins susceptibles de rejoindre le programme, ce qui suggère que les agripreneurs plus expérimentés pourraient voir moins le besoin de formations supplémentaires ou de nouvelles pratiques.

Les participants des zones rurales étaient également moins susceptibles de participer au programme (environ 13 %). Bien que cela puisse paraître surprenant étant donné la dépendance de ces zones au secteur agricole, le programme a été mis en œuvre dans les capitales du Kenya et de l'Ouganda. Cela pourrait signifier que la connaissance et l'accès au programme étaient plus faibles dans les zones rurales.

En revanche, une valeur d’actif plus élevée a entraîné une plus grande probabilité de participation au programme. Les auteurs avancent que les participants ont peut-être vu le programme comme une occasion d’améliorer leur situation économique globale en convertissant leurs actifs en activités génératrices de revenus durables. Les personnes qui possédaient des actifs productifs plus avancés ont peut-être également vu l’intérêt d’une formation pour apprendre à utiliser et à entretenir au mieux leur équipement.

L’accès au crédit a également conduit à une participation plus élevée au programme, découlant potentiellement du désir de maximiser la production afin de rembourser les prêts plus rapidement et de manière plus fiable.

Enfin, la notoriété et la perception du programme ont toutes deux eu une influence majeure sur la décision des participants d'y adhérer. Les personnes qui avaient eu connaissance du programme avant sa mise en œuvre étaient 63 % plus susceptibles d'y adhérer que celles qui n'en avaient entendu parler qu'au moment du lancement du projet pilote. De plus, les personnes qui pensaient que le programme les aiderait à acquérir des compétences et à se créer des réseaux étaient 44 % plus susceptibles d'y adhérer.

Ces derniers résultats suggèrent l’importance de campagnes de sensibilisation vigoureuses, notamment l’utilisation des médias sociaux, autour des programmes d’emploi des jeunes et d’autonomisation des entreprises agroalimentaires, notamment l’utilisation des médias sociaux pour cibler les jeunes populations. Ils soulignent également la nécessité de concevoir soigneusement les programmes pour s’assurer qu’ils sont perçus comme bénéfiques par les jeunes. 

Sara Gustafson est une consultante en communication indépendante.