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Des investissements substantiels et une coordination renforcée sont nécessaires pour atteindre les ODD : publication du rapport 2022 sur l’état de l’agriculture en Afrique

Les systèmes alimentaires du monde entier ont subi de nombreux chocs au cours des deux dernières années, et les systèmes alimentaires africains ne font pas exception. Les impacts de la pandémie de COVID-19, les perturbations mondiales et locales de la chaîne d’approvisionnement, le changement climatique et le conflit russo-ukrainien ont exercé une pression énorme sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans la région, menaçant la possibilité pour l’Afrique d’atteindre les Objectifs de Développement Durable (ODD) d’ici 2030. Le rapport 2022 sur l’état de l’agriculture en Afrique, publié par l’AGRA, se concentre sur l’amélioration de systèmes alimentaires africains plus durables et résilients afin de mieux répondre à ces défis dans une perspective holistique et collaborative.

Le rapport met en évidence plusieurs « mégatendances » : les facteurs démographiques, économiques, environnementaux et sociaux qui ont un impact sur les systèmes alimentaires africains. Il s’agit notamment des éléments suivants :

  • la croissance de la population rurale et la raréfaction des terres ;
  • l’augmentation de la population urbaine et la demande croissante de nourriture ;
  • la transformation économique, y compris l’augmentation des taux de salaire et des revenus par habitant ;
  • les changements climatiques et les phénomènes météorologiques extrêmes de plus en plus fréquents ;
  • les crises sanitaires mondiales en cours, les conflits civils et les perturbations économiques ;
  • l’accélération du rythme de l’innovation technique dans l’agriculture numérique ;
  • la Zone de Libre-Echange Continental Africaine (ZLECA) et d’autres cadres de développement continentaux ;
  • la demande de systèmes inclusifs de transformation et de protection sociale qui protègent et autonomisent les femmes, les jeunes et les autres groupes vulnérables ; et
  • le besoin croissant d’innovation technologique et de changement de comportement de la part des agriculteurs et des commerçants pour faire face aux écarts de rendement croissants dans les céréales et les oléagineux dans la région.

L’ampleur de ces tendances est clairement décourageante. Cependant, les auteurs du rapport affirment qu’il est essentiel de les aborder de manière appropriée pour atteindre plusieurs ODD importants, notamment l’ODD 2 : Faim « zéro », l’ODD 3 : Bonne santé et bien-être, l’ODD 5 : Égalité entre les sexes, l’ODD 10 : Inégalités réduites et l’ODD 15 : Vie terrestre. Pour ce faire, il faudra une coordination, une collaboration et une responsabilisation entre les gouvernements, le secteur privé, les organisations paysannes et les organisations de développement et de recherche, y compris des investissements importants de la part de tous les acteurs et un accent renouvelé sur le renforcement des capacités locales, nationales et régionales en matière de recherche, de développement et de systèmes de vulgarisation agricoles.

L’appel au renforcement des capacités locales, nationales et régionales trouve un écho dans l’encouragement du rapport aux gouvernements africains à réduire leur dépendance à l’égard des actions menées par les donateurs et à assumer un rôle de leadership plus central dans l’établissement de priorités et de stratégies de transformation du système alimentaire qui répondent véritablement aux besoins « sur le terrain ». Ils peuvent le faire en renforçant les accords et les partenariats continentaux afin de mieux coordonner les pays et les secteurs et de concevoir des programmes et des mécanismes plus ciblés avec des mandats clairs et une responsabilité fiable. Les programmes et plateformes existants peuvent également être élargis et améliorés pour s’assurer que les voix locales expérimentées sont entendues et que le renforcement des capacités est adapté aux conditions locales.

Le rapport détaille également les investissements substantiels nécessaires pour stimuler la transformation du système alimentaire africain. Ses auteurs estiment que la région aura besoin de 40 à 77 milliards de dollars par an de fonds du secteur public et de 180 milliards de dollars de fonds du secteur privé d’ici 2030 si elle veut atteindre les ODD. Pour répondre à ces besoins d’investissement, les gouvernements devront prendre des mesures pour réduire les risques et offrir des incitatifs au secteur privé. En outre, la disponibilité des capitaux à ceux qui en ont besoin pour conduire la transformation du système alimentaire nécessitera des mécanismes innovants, tels que des mécanismes de partage des risques, le financement de la chaîne d’approvisionnement à l’aide de mécanismes numériques, les fintechs, le financement par bail agricole et les récépissés d’entrepôt.

Le rapport 2022 sur l’état de l’agriculture en Afrique se termine par une liste de priorités sur lesquelles les gouvernements africains, les acteurs du secteur privé et les organisations internationales doivent s’activer afin d’atteindre les ODD d’ici 2030. Il s’agit notamment des éléments suivants :

  • la priorisation des investissements dans les systèmes alimentaires dans le cadre des programmes de sécurité nationale, de réduction de la pauvreté et de développement rural ;
  • la réduction de la dépendance à l’égard des partenaires internationaux pour le renforcement des capacités, le financement et l’influence sur les politiques en matière de recherche, de développement et de vulgarisation agricoles ;
  • l’engagement à l’égard de plans d’action agricoles nationaux qui mettent l’accent sur la croissance de la productivité sur les terres agricoles existantes ;
  • l’augmentation des prêts concessionnels et des dons le long des principaux nœuds des chaînes de valeur agroalimentaires ;
  • l’élaboration et la mise en œuvre de véritables cadres de comptabilité analytique pour mesurer les répercussions sur le système alimentaire dans une perspective plus globale ;
  • l’augmentation des prêts aux PME agroalimentaires ; et
  • les investissements dans des mécanismes et des technologies innovants tels que les services agricoles numériques, l’amélioration de la manutention après récolte, la valeur ajoutée, l’amélioration des semences, la mécanisation, les produits agrochimiques et l’irrigation.