Une sécheresse en Afrique australe menace la sécurité alimentaire
Articles associés
Le FEWS Net a publié un rapport spécial avec une série de cartes illustrant l'étendue et la gravité de la sécheresse en cours en Afrique australe. La sécheresse, entraînée par le cycle El Niño 2015-16, a limité la production agricole dans toute la région. Cela aggrave l'insécurité alimentaire de la période de soudure et augmente la probabilité que l'insécurité alimentaire se poursuivra pendant le reste de l'année.
Entre octobre 2015 et février 2016, les précipitations au Mozambique, au Zimbabwe, au Botswana, en Namibie, au Swaziland, au Lesotho et en Afrique du Sud étaient inférieures à 75 pour cent de la moyenne (basé sur la moyenne 1982-2011). La saison en cours est l’une des cinq les plus sèches des 35 dernières années, avec les précipitations anormalement faibles ayant un impact sur les principales zones de culture de la région. Cette année a été soit l’année la plus sèche ou la deuxième année la plus sèche jamais enregistrée pour une grande partie du centre et du sud du Mozambique, du sud du Malawi, du Zimbabwe, de l'Afrique du Sud, du Lesotho, du sud de l'Angola, du nord de la République démocratique du Congo et de l'ouest de Madagascar. Dans beaucoup de ces zones, cette année est également la deuxième année de suite des précipitations anormalement faibles, ce qui amplifie l'impact sur la disponibilité de l'eau et les conditions de récolte.
Le GEOGLAM Early Warning Crop Monitor (EWCM) a classé les conditions de récolte du maïs au Lesotho, au Swaziland, dans le sud du Mozambique, dans le sud du Zimbabwe et dans l'est du Botswana comme « Echec ». Les conditions de récolte dans l'ouest de Madagascar, dans le sud de la Zambie, dans le sud du Malawi, dans le nord de la Namibie et dans beaucoup de zones excédentaires de production de l'Afrique du Sud, du Zimbabwe et du Mozambique ont été classées comme « Faible ». Cette détérioration des conditions a eu un impact sur les prix des céréales dans la région ; sur plus de la moitié des marchés régionaux que le FEWS Net surveille, le prix du maïs a augmenté de plus de 75 pour cent par rapport à l'an dernier. Le Mozambique et le Malawi connaissent des prix particulièrement élevés à cause d’une faible production de maïs en 2015 et de l’anticipation des mauvaises récoltes en 2016.
En raison des mauvaises récoltes et des hausses de prix, on s'attend à une grave insécurité alimentaire dans toute la région tout au long de 2016-17. Le FEWS Net estime que près de quatre millions de personnes sont actuellement confrontés au niveau « Crise » ou plus d'insécurité alimentaire (Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) Phase 3). Cela comprend près d'un million de personnes au Malawi et presque un demi-million de personnes dans chacun des pays suivants : le Zimbabwe, la Mozambique et le Madagascar. D’ici le mois de septembre, la combinaison des faibles revenus agricoles, des faibles stocks alimentaires, des sources d'eau limitées et des prix élevés des aliments de base devraient entraîner une crise majeure de la sécurité alimentaire. Le FEWS Net estime que d’ici mars 2017 le nombre de personnes confrontées à l'insécurité alimentaire va doubler par rapport aux niveaux actuels.
Ecrit par : Sara Gustafson, IFPRI
Traduit par : Anna Vanderkooy, IFPRI