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La Zambie déplore 40% d’enfants de moins de cinq ans souffrant d’un retard de croissance. Afin de renverser cette tendance alarmante, les responsables politiques ont placé la sécurité alimentaire et nutritionnelle au sommet de leurs priorités nationales. À l’occasion d’un sommet national sur l’alimentation et la nutrition qui s’est tenu récemment à Lusaka, les parties prenantes ont mis l’accent sur la nécessité d’une approche multisectorielle pour mettre fin à la malnutrition et améliorer la viabilité alimentaire dans le pays.
Cette conférence, parrainée en partie par l’IFPRI à travers son Portail sur la sécurité alimentaire, réunissait un certain nombre de participants des ministères et autres agences gouvernementales et des organisations de développement.
Gerda Verburg, sous-secrétaire générale de l’ONU et coordinatrice du Mouvement pour le renforcement de la nutrition (SUN), a appelé à un investissement national accru dans les initiatives en faveur de la nutrition, de sorte à encourager les autres parties prenantes, en particulier les partenaires au développement et du secteur privé, à investir également dans la sécurité alimentaire et nutritionnelle.
L’événement a par ailleurs mis en exergue les enseignements que la Zambie pourrait tirer des expériences d’autres pays. Le professeur Kraisid Tontisirin, conseiller principal à l’Institut de la nutrition de l’Université Mahidol de Thaïlande, a présenté l’expérience de son pays, qui a enregistré une chute remarquable du retard de croissance des suites de la mise en œuvre de programmes communautaires dans les années 1980 et 1990. Le Plan de lutte contre la pauvreté (PLP) de la Thaïlande a en effet permis de réduire de 50 % environ, en 1982, à 10 % seulement en 1995, la prévalence des enfants en âge préscolaire souffrant de malnutrition, mesurée en fonction du poids par rapport à l’âge. Qui plus est, la faim dans le pays a chuté de 79 % entre 1990 et 2015.
Selon le professeur Tontisirin, le succès du PLP est en grande partie imputable à son approche résolument communautaire et multisectorielle. Le programme a identifié plusieurs causes de retard de croissance chez l’enfant, parmi lesquelles la mauvaise santé de la mère, cause avérée de l’insuffisance pondérale à la naissance, les pratiques tant insuffisantes qu’inadaptées d’allaitement au sein et d’alimentation complémentaire, ainsi que les pratiques d’hygiène répréhensibles en matière d’alimentation et de soins à apporter aux nourrissons et aux jeunes enfants.
En réponse, le PLP a mis en œuvre des actions à l’échelle des districts et sous-districts visant à assurer des services de base pour le plus grand nombre de personnes possible. Ces services couvraient notamment l’assurance de soins prénatals, les apports multivitaminés et autres suppléments de fer et d’acide folique aux femmes enceintes, les initiatives de production vivrière dans les villages à l’appui de l’alimentation d’appoint pour les nourrissons et les jeunes enfants, les campagnes d’éducation sur l’alimentation et la nutrition des enfants, sur l’hygiène et la salubrité alimentaires, ainsi que des programmes de déjeuner et de consommation de lait dans les écoles.
Le PLP assurait en outre le suivi de la croissance (taille et poids) des enfants et la formation de « mobilisateurs » locaux pour la prestation des services relevant du programme. Chaque mobilisateur se voyait en effet attribuer 10 ménages dans sa localité, pour lesquels il assurait des services rapprochés d’éducation et de sensibilisation.
Le District Nutrition Coordination Committee (DNCC) de Zambie, fondé par M. Christopher Dube (Phd), s’inscrit dans cette lignée d’efforts déployés à l’échelle des communautés. Dans un souci d’amorcer le dialogue parmi un éventail de parties prenantes, le DNCC a mis en place un forum dont l’objet était d’identifier les causes de la malnutrition dans le pays et d’y débattre des solutions susceptibles d’être envisagées à l’échelle tant nationale que locale.
À l’issue du sommet, le professeur Tontisirin s’est réuni avec une quarantaine de parties prenantes à l’École des sciences agronomiques de Zambie pour leur présenter dans le détail les raisons du succès de la Thaïlande en matière d’élimination de la faim et de la malnutrition, et pour aider au développement des capacités à l’appui de la création de programmes de sécurité alimentaire et nutritionnelle similaires en Zambie.
Ce sommet, qui a été bien accueilli par les participants et qui a bénéficié d’une vaste couverture dans la presse et les médias à travers le pays, s’inscrit résolument dans le Plan stratégique national pour l’alimentation et la nutrition 2018-2022 de la Zambie. Il constitue en outre le deuxième plan quinquennal multisectoriel dédié à la lutte contre les problématiques de nutrition en Zambie, dans la perspective de la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) pour le pays.