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Quelle est la Volatilité des Prix des Denrées Alimentaires en Afrique ?

Il est communément admis que la volatilité croissante des prix sur les marchés alimentaires internationaux s'est traduite par une plus grande volatilité des prix alimentaires dans les pays en développement, notamment en Afrique. Cela semble être une hypothèse logique, car la plupart des pays africains sont des importateurs nets de denrées alimentaires, mais est-ce vraiment le cas ? Pas nécessairement, selon une note de recherche de 2013 du chercheur de l'IFPRI Nicholas Minot.

Selon les conclusions de Minot, alors que la volatilité des prix internationaux des céréales a augmenté de 2007 à 2010, les prix des aliments de base (tels que le maïs, le riz, les haricots et le millet, ainsi que l'huile de cuisine et le sorgho) dans 11 pays africains ne sont généralement pas devenus plus volatils au fil du temps. L'étude a comparé 67 prix pour les périodes 2003-2006 et 2007-2010. Sur ce total, les deux tiers n'ont constaté aucun changement statistiquement significatif de la volatilité des prix ; en outre, alors que sept prix ont connu une volatilité accrue, 17 prix ont en fait connu une baisse significative.

Bien que les prix africains ne semblent pas avoir réagi de manière significative à la volatilité croissante des prix mondiaux, la volatilité des prix dans la région reste élevée, en particulier pour le niébé, le maïs et les haricots. Il est peut-être surprenant de constater que la volatilité des prix du maïs semble nettement plus élevée dans les pays dont les gouvernements sont intervenus activement sur les marchés nationaux du maïs, comme le Kenya, le Malawi, la Zambie et le Zimbabwe. Dans ces quatre pays, les prix du maïs étaient 50 % plus volatils en 2007-2010 que dans les autres pays étudiés. Si cette conclusion peut simplement signifier que la volatilité des prix du maïs est en général plus élevée dans ces pays, elle peut également signifier que les efforts des gouvernements pour stabiliser les prix ont en fait été contre-productifs.

Les recherches de Minot mettent en évidence le fait que la volatilité des prix des denrées alimentaires est un phénomène complexe, et souvent largement méconnu. L'absence de transmission des marchés mondiaux aux marchés intérieurs constatée dans l'étude suggère que, du moins pour l'Afrique, la volatilité des prix alimentaires mondiaux n'est peut-être pas aussi préoccupante qu'on le pensait auparavant ; il semble plutôt que les nations africaines devraient se concentrer davantage sur le niveau des prix alimentaires dans la région. Et si la volatilité des prix des denrées alimentaires en Afrique reste élevée, il serait peut-être plus efficace que les efforts de réduction de la volatilité soient axés sur le renforcement des programmes de protection sociale (tels que ceux proposés par le plan d'action 2011 du G20) et l'amélioration des informations sur les prix et les marchés, plutôt que sur les programmes gouvernementaux traditionnels de stabilisation des prix.

 

Source: ifpri.org