Politiques visant à réduire les mécanismes d'adaptation à haut risque : Le cas du Mali

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La façon dont les ménages réagissent aux chocs systémiques - volatilité des prix alimentaires, fluctuations saisonnières de la production agricole, conflits, pandémies et phénomènes météorologiques extrêmes - peut jouer un rôle important dans la sécurité alimentaire à long terme, la stabilité économique et la résilience, tant au niveau des ménages qu'à celui de la société. Un nouveau document de projet de l'initiative du CGIAR sur la fragilité, les conflits et les migrations constate qu'au Mali, les mécanismes d'adaptation auxquels les ménages ont recours face à de tels chocs sont souvent à haut risque et réactionnaires.
Bien que ces mécanismes puissent apporter un soulagement temporaire aux effets immédiats d'un choc, ils peuvent également aggraver la sécurité alimentaire, la pauvreté et la vulnérabilité des ménages à long terme.
Des politiques plus larges axées sur les résultats à long terme peuvent aider les ménages et les sociétés à mieux faire face aux chocs à court terme tout en protégeant la sécurité alimentaire et la résilience économique à long terme. Toutefois, pour élaborer et mettre en œuvre de telles politiques, les décideurs politiques doivent mieux comprendre comment les ménages réagissent lorsqu'ils sont confrontés à des chocs multiples et simultanés, ainsi que l'impact des mécanismes d'adaptation existants sur les résultats à long terme en matière de sécurité alimentaire.
Le document de projet fournit un cadre qui examine cette relation entre les chocs à variables multiples, les mécanismes d'adaptation et la sécurité alimentaire. Le modèle examine d'abord quatre types de chocs systémiques : les chocs de prix, les chocs de performance saisonnière, les chocs de conflit et les chocs climatiques. Il estime ensuite l'impact des mécanismes d'adaptation à haut risque courants au Mali sur les résultats, notamment le score de consommation alimentaire ( SCA), l'échelle de la faim des ménages ( EFM) et le score de diversité alimentaire des ménages ( SDAM).
Les mécanismes d'adaptation analysés sont les suivants:
- la vente de biens domestiques,
- l'utilisation de l'épargne,
- la réduction des dépenses non alimentaires essentielles (par exemple, la scolarité et les soins de santé),
- l'envoi de membres du ménage manger ailleurs,
- l'emprunt d'argent liquide,
- emprunter de la nourriture,
- vendre des actifs productifs, y compris des animaux femelles,
- la mendicité
- s'engager dans des activités illégales.
Ces mécanismes d'adaptation réactionnels peuvent atténuer les préoccupations immédiates en matière de sécurité alimentaire ; cependant, l'article constate qu'ils ont des conséquences négatives à long terme sur la consommation alimentaire des ménages, la diversité de leur régime alimentaire, leur capacité à générer des revenus, leurs relations sociales et leur résilience globale.
L'alternative, suggèrent les auteurs de l'article, est le développement de politiques qui donnent la priorité à la protection sociale, à l'inclusion financière et à la stabilité économique, en particulier pour les populations vulnérables.
Parmi les politiques efficaces, on peut citer:
- des programmes de transferts monétaires conditionnels liant l'aide financière à l'utilisation de l'éducation et des soins de santé,
- la subvention des frais de scolarité et la gratuité des repas à l'école,
- les programmes de couverture sanitaire universelle,
- l'expansion des services de microfinance et des programmes d'épargne communautaire afin d'accroître l'accès au crédit et au financement,
- le renforcement des droits de propriété
- des programmes de prêts d'urgence soutenus par le gouvernement.
En outre, les gouvernements, les organisations internationales et les acteurs du secteur privé devraient investir dans des programmes de formation professionnelle et de développement des compétences afin d'aider les ménages à accéder à un plus large éventail de possibilités d'emploi. Les décideurs politiques peuvent également développer des programmes de travaux publics afin d'offrir des moyens de subsistance temporaires en temps de crise. Ces efforts peuvent permettre d'obtenir des sources de revenus plus stables en cas de choc. Les investissements dans des techniques agricoles résistantes au climat sont également essentiels pour aider les populations agricoles à mieux résister aux chocs climatiques.
En concevant des politiques globales qui intègrent et améliorent l'accès financier, les filets de sécurité sociale et la résilience économique, les décideurs politiques peuvent réduire la dépendance des ménages à l'égard de mécanismes d'adaptation à haut risque qui ne font que causer davantage de dommages à long terme. De telles réponses politiques peuvent améliorer la sécurité alimentaire globale de la population et sa résistance économique aux chocs, et favoriser la croissance et le développement sociétal à long terme.
Sara Gustafson est consultante indépendante en communication.