Crise alimentaire au Soudan : un nouveau rapport fournit des recommandations politiques pour la relance
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Depuis le déclenchement du conflit en avril 2023, le Soudan a connu une détérioration de sa sécurité alimentaire et de son activité économique, une perturbation des marchés et des systèmes agroalimentaires, ainsi qu’une crise humanitaire qui ne cesse de s’aggraver. Selon une nouvelle note politique du Programme de soutien à la stratégie pour le Soudan de l'IFPRI, si des mesures ne sont pas prises pour protéger les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire, 4 millions de personnes pourraient tomber dans la pauvreté et 2 millions supplémentaires pourraient être confrontées à l'insécurité alimentaire et à la malnutrition d'ici 2028.
Dans l’ensemble du pays, 60 pour cent des ménages ruraux sont en situation d’insécurité alimentaire aiguë. Près de 40 pour cent des ménages ruraux n’ont pas la capacité d’avoir une alimentation adéquate, dépendant fortement des céréales et des huiles et ne consommant pas de légumes, de fruits et d’autres aliments riches en micronutriments.
En mars 2024, le conflit avait déplacé environ 8,4 millions de personnes au Soudan ; Une petite partie de cette population a cherché refuge dans les pays voisins, mais de nombreuses autres restent déplacées à l'intérieur du pays. Ce déplacement, associé au manque d'accès aux intrants et aux marchés, a particulièrement touché la population des petits exploitants agricoles du Soudan. Selon une enquête menée fin 2023 auprès de plus de 3 200 petits exploitants, environ un tiers d’entre eux ont été déplacés et 40 pour cent n’ont pas pu se préparer pour la prochaine saison de plantation. Le rapport s’attend à de nouvelles réductions de la production alimentaire et à une nouvelle détérioration de la sécurité alimentaire globale dans le pays.
Dans l’immédiat, le rapport appelle à la fin du conflit et à la participation à des efforts de consolidation de la paix, ainsi qu’à une augmentation significative des interventions humanitaires rapides pour fournir une aide financière et un accès aux intrants agricoles.
À moyen terme, les décideurs politiques et les acteurs du secteur privé peuvent soutenir les producteurs agricoles du pays par le biais de politiques visant à accorder des crédits aux petits exploitants agricoles ainsi qu'aux petites et moyennes entreprises du système alimentaire et à assurer la livraison de semences, d'engrais et d'autres intrants agricoles. Les programmes de protection sociale devraient également être renforcés pour aider les populations les plus vulnérables et souffrant d’insécurité alimentaire, notamment les ménages déplacés à l’intérieur du pays.
Les politiques à long terme visant à permettre la reprise du pays comprennent l'élaboration d'une stratégie globale du système agroalimentaire pour faire face aux chocs étroitement liés causés par le conflit, le changement climatique et les perturbations du marché. Un soutien aux agriculteurs pour qu'ils adoptent et maintiennent des pratiques agricoles intelligentes face au climat et des investissements dans la reconstruction et l'amélioration des infrastructures sont également nécessaires pour restaurer les chaînes d'approvisionnement du système alimentaire du pays, renforcer la résilience et prévenir de futures crises alimentaires.
Sara Gustafson est consultante indépendante en communications.