Comment accroître l’équité des genres dans l’agriculture : nouveaux résultats du Forum Malabo Montpelier
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Le douzième Forum annuel de Malabo Montpelier s’est tenu le 8 juin et était centré sur un nouveau rapport du Panel Malabo Montpelier : Zéro Inégalité : des politiques innovantes pour des systèmes alimentaires inclusifs et sensibles au genre en Afrique. Selon le rapport, près des deux tiers des femmes africaines jouent un rôle dans le système agroalimentaire de la région. Bien que les femmes participent à tous les nœuds de la chaîne de valeur agroalimentaire – de la production au commerce en passant par la consommation – leurs contributions potentielles à la transformation agricole, ainsi que leur sécurité alimentaire et économique, restent entravées par une série d’obstacles sociaux, politiques et économiques.
Le principal de ces obstacles est le manque d’accès à la terre, aux intrants agricoles, au financement, à l’information, aux nouvelles technologies, aux marchés et à l’emploi, tant à la ferme qu’à l’extérieur. Par exemple, des données récentes montrent qu’en 2021, seulement 23% des femmes impliquées dans l’agriculture étaient propriétaires ou avaient des droits garantis sur les terres qu’elles cultivaient. Les femmes en Afrique ont également des salaires inférieurs et reçoivent en moyenne moins d’éducation que leurs homologues masculins, en particulier dans les zones rurales.
Bien que ces défis soient importants, le rapport souligne également les progrès réalisés en vue d’accroître l’inclusion des femmes dans le secteur agroalimentaire. Un certain nombre de politiques continentales, régionales et nationales ont été mises en place au cours des deux dernières décennies pour lutter contre l’inégalité de genre dans les systèmes agroalimentaires africains : le Protocole de Maputo à la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples Relatif aux Droits de la Femme en Afrique (2004) ; la politique de l’Union Africaine en matière d’égalité des sexes de 2009 ; la Déclaration sur les questions et défis fonciers en Afrique de 2009 ; et la Déclaration sur l’Année 2015 de l’autonomisation et du développement des femmes dans la perspective de l’Agenda 2063 de l’Afrique, ainsi que les cadres politiques de la CEDEAO, de la CAE, de la SADC et d’autres communautés économiques régionales. Ces politiques reconnaissent toutes l’importance de la participation égale des femmes dans le secteur agroalimentaire à la transformation agricole et économique durable, à la sécurité alimentaire, à la croissance économique et à l’adaptation aux changements climatiques.
Le rapport du Forum met également en lumière des études de cas de quatre pays qui ont mis en place des politiques et des programmes solides pour autonomiser les femmes et les filles et accroître l’inclusion et l’équité dans le secteur agroalimentaire : l’Éthiopie, le Ghana, le Rwanda et le Togo. Le programme éthiopien de Certification Foncière vise à renforcer les droits et l’accès à la terre des femmes, tout comme la loi foncière du Rwanda de 2021. Le Programme ghanéen d’autonomisation des moyens de subsistance contre la pauvreté octroit des transferts monétaires pour soutenir la nutrition et la sécurité alimentaire des ménages pauvres ; on estime que 56% des bénéficiaires du programme sont des femmes. Le Ghana a incorporé une Direction des femmes dans le développement agricole au sein de son ministère des Affaires étrangères pour veiller à ce que l’équité et l’inclusion entre les sexes soient intégrées dans toutes les politiques et programmes ayant une incidence sur les systèmes agroalimentaires du pays ; Le Rwanda dispose également de plusieurs départements et organismes gouvernementaux qui se consacrent à l’intégration des droits et des préoccupations des femmes dans les politiques et les budgets. Le Fonds national pour la finance inclusive du Togo offre aux femmes des crédits à des taux d’intérêt plus bas pour améliorer leur accès au financement ; en outre, le gouvernement togolais consacre 25% de son budget des marchés publics aux femmes entrepreneurs. Ces politiques et programmes au niveau des pays sont des exemples pratiques de la façon dont les décideurs peuvent mieux soutenir et prioriser les interventions inclusives et sensibles au genre.
Le rapport utilise ces études de cas, ainsi que des données à l’échelle du continent, pour mettre l’accent sur plusieurs leçons clés apprises.
Premièrement, si les cadres politiques régionaux et nationaux constituent un bon début, ces politiques doivent être consolidées plus efficacement. L’élaboration collaborative des politiques permettra aux gouvernements d’apprendre les uns des autres et de s’assurer que leurs politiques et programmes individuels ne fonctionnent pas à contre-courant.
Deuxièmement, les gouvernements doivent soutenir leurs engagements politiques par un financement dédié et protégé pour l’égalité des sexes dans tous les organismes.
Troisièmement, la participation et la représentation des femmes dans les gouvernements et les autres organes de décision doivent être prioritaires et accrues. Cela est essentiel pour s’assurer que les besoins et les préoccupations des femmes sont entendus et soutenus de manière efficace et durable.
Quatrièmement, les interventions et les programmes doivent être conçus à partir d’un point de vue tenant compte des sexospécificités. L’intégration des besoins des femmes dans les programmes dès le départ est essentielle à une véritable équité entre les sexes.
Cinquièmement, et les interventions connexes, devraient également inclure l’éducation et des messages pour les hommes et les garçons concernant les avantages de l’équité entre les sexes pour tous. Cela augmentera l’adhésion des hommes aux programmes et aux politiques qui représentent un changement par rapport aux rôles traditionnels des sexes.
Sixièmement, les produits et services doivent être à la fois accessibles aux femmes et adaptés pour répondre aux besoins et aux contraintes spécifiques des femmes. Par exemple, le fait de fournir des services de vulgarisation directement aux productrices plutôt que d’exiger des femmes qu’elles les sollicitent aiderait à surmonter les obstacles à la circulation auxquels se heurtent de nombreuses productrices rurales.
Ces points à retenir peuvent aider les décideurs nationaux et régionaux à progresser plus rapidement vers la pleine inclusion des femmes en tant que partenaires égales et moteurs de la transformation durable du système agroalimentaire.