La faim aiguë continue d’augmenter en Afrique subsaharienne : publication du Rapport sur les Politiques Alimentaires Mondiales 2023
- Afrique occidentale
- Afrique orientale
- Afrique centrale
- Afrique australe
- Faim
- Conflict
- Changement climatique
- Crise alimentaire
- Risques et Résilience
- Aide alimentaire
Articles associés
En Afrique subsaharienne, la part de la population confrontée à l’insécurité alimentaire est plus du double de celle de toute autre région du monde, selon le Rapport sur les Politiques Alimentaires Mondiales 2023 de l’IFPRI: Repenser les Réponses aux Crises Alimentaires. Environ 282 millions de personnes en Afrique au sud du Sahara, soit environ 20% de la population, étaient sous-alimentées et en situation d’insécurité alimentaire en 2021.
Derrière ce niveau grave d’insécurité alimentaire se cachent une série de facteurs : les conflits, le changement climatique, les ralentissements économiques, les infestations de ravageurs, l’augmentation des factures d’importation alimentaire, la baisse des investissements dans l’agriculture, les épidémies d’Ebola et de COVID-19 et les impacts de la guerre russo-ukrainienne. Ces chocs se sont combinés ces dernières années pour faire grimper les prix des denrées alimentaires, réduire la disponibilité et l’accès à la nourriture et plonger des millions de personnes dans la faim et la pauvreté.
L’Afrique centrale et australe a connu les taux les plus élevés d’insécurité alimentaire aiguë, avec 45,6 millions de personnes confrontées à une insécurité alimentaire de niveau de crise et 9,9 millions au niveau d’urgence en 2021. En Afrique de l’Est, 43,6 millions de personnes ont été confrontées à un niveau de crise et 10,1 millions à un niveau d’urgence, tandis qu’en Afrique de l’Ouest et au Sahel, 30,4 millions de personnes ont connu la faim de niveau de crise.
Au niveau national, la République Démocratique du Congo a connu le plus grand nombre absolu de personnes souffrant de la faim en 2021, avec 27,3 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire de niveau crise. Le Soudan du Sud a connu la plus forte proportion de la population souffrant de la faim, à 60%. L’Angola, la République Centrafricaine, l’Eswatini, l’Éthiopie, le Lesotho, Madagascar, la Namibie et le Zimbabwe ont également connu une prévalence extrêmement élevée de l’insécurité alimentaire, avec plus de 30% de leurs populations souffrant de la faim de niveau de crise ou pire.
Les décideurs, la communauté internationale et les parties prenantes locales et régionales ont réagi à ces chocs de diverses manières, notamment en apportant une aide humanitaire, en mettant l’accent sur les systèmes d’alerte précoce pour prévoir les crises alimentaires et en mettant davantage l’accent sur le renforcement de la résilience. Il a également été reconnu que ces interventions de crise doivent inclure une optique sensible au genre afin de protéger les femmes et les filles, qui font souvent face à des impacts négatifs plus importants et à long terme découlant de la sécurité alimentaire et des chocs économiques.
Le rapport suggère une approche humanitaire-développement-paix (HDP) pour mieux coordonner et mettre en œuvre ces interventions dans le contexte de l’Afrique au sud du Sahara. Une telle approche aiderait à faire face au rôle important que les conflits en cours ont joué dans l’aggravation de l’insécurité alimentaire et de l’instabilité civile dans la région en veillant à ce que toute intervention prenne en considération les causes profondes des conflits locaux afin de réduire les conséquences négatives involontaires et les troubles supplémentaires. Les interventions du HDP rassemblent les décideurs et les parties prenantes locales, les agences des Nations Unies, les ONG et les donateurs, afin de mieux aligner et coordonner les activités, les programmes, les priorités et les budgets.
Pour aborder la question de la sécurité alimentaire à plus long terme et en dehors du contexte des conflits, le rapport appelle également à réorienter le soutien public aux systèmes alimentaires et agricoles afin de réduire le coût et d’accroître la disponibilité d’aliments sains, en particulier pour les populations vulnérables. Ces efforts devraient s’accompagner d’investissements accrus dans la sécurité sociale et de l’accent mis sur la création d’un environnement propice pour faire en sorte que les activités de développement soient inclusives et de grande portée.