- Risques et Résilience
- Déclaration de Malabo
- Nutrition
- Malnutrition
- Emaciation chez l'enfant
- Retard de croissance chez l'enfant
Articles associés
Bien que des progrès significatifs aient été réalisés dans la réduction de la faim et de l’insécurité alimentaire en Afrique au cours des dernières décennies, environ une personne sur cinq dans la région souffre encore de malnutrition chronique. Dans un nouveau rapport du Panel Malabo Montpellier, « Nourished: How Africa Can Build a Future Free from Hunger and Malnutrition » [Alimentation : Comment l’Afrique peut-elle construire un futur sans faim ni malnutrition?], les chercheurs adoptent une approche systématique au niveau national pour identifier les domaines dans lesquels des progrès ont été accomplis ainsi que les possibilités de dupliquer et d’étendre les politiques qui se sont avérées efficaces. La feuille de route établie dans le rapport peut aider dans la progression vers les cibles de la nutrition établies par la Déclaration de Malabo et les Objectifs de Développement Durable.
Selon le rapport, la nutrition est devenue une priorité principale au niveau continental comme au niveau international. Les indicateurs de la nutrition ont été inclus dans le Cadre de Résultats du PDDAA à l’échelle du continent, et le G20 a lancé un partenariat avec l’Afrique en 2017 pour mettre l’accent sur la croissance économique durable et inclusive et sur le développement de la région. Pour continuer dans cette progression, la croissance et la transformation agricoles et économiques doivent être étendues de manière durable et orientées vers la nutrition ; de plus, les décideurs politiques doivent considérer la nutrition à travers un prisme multisectoriel, en tenant compte d’une large gamme de facteurs incluant l’infrastructure, l’éducation, les filets sociaux et les programmes WASH (eau, assainissement et hygiène).
Le rapport présente des études de cas de sept pays (Sénégal, Ghana, Rwanda, Togo, Cameroun, Angola et Ethiopie) ainsi qu’une vision globale de la malnutrition au niveau régional. L’importance de l’engagement politique a été le fil conducteur de toutes les études de cas, de même que l’importance de lutter contre la malnutrition en utilisant une approche multisectorielle.
Au Sénégal, la malnutrition a baissé de manière significative entre 2000 et 2016. Le score du pays suivant l’ Indice de la faim dans le monde (GHI) [1] a baissé de 38 à 17 pendant cette période, et la prévalence du retard de croissance chez l’enfant a baissé de 30 pour cent à 19 pour cent. Selon le rapport, ce progrès a été obtenu en grande partie grâce à un engagement politique plus important et une augmentation des investissements de la part du Gouvernement sénégalais. En 2001, le Bureau du Premier Ministre a créé la Cellule de Lutte contre la Malnutrition (CLM) qui coordonne les activités entre sept ministères ainsi que l’Association Nationale des Conseils Ruraux et diverses organisations de la société civile ; la CLM vise à promouvoir la coopération et la coordination parmi les divers acteurs et à participer à la mise en œuvre des programmes de nutrition communautaires. Les programmes lancés à travers le Programme de Renforcement de la Nutrition (PRN) de la CLM incluent : la pesée mensuelle des enfants de la naissance à l’âge de trois ans ; l’éducation à la nutrition pour améliorer les pratiques d’alimentation des enfants ; et la distribution d’aliments fortifiés et d’eau potable. Selon le rapport, les taux de malnutrition ont baissé de 34 pour cent dans les villages où les programmes du PRN ont été mis en œuvre, par rapport à 21 pour cent de réduction dans les villages non concernés par les interventions.
En 2008, le Ghana était classé parmi les 36 pays du monde avec les taux les plus élevés de malnutrition chez l’enfant ; depuis cette date, la prévalence de la malnutrition et de la faim extrême a baissé de manière significative. Le score GHI du Ghana a baissé de 30 à 14 entre 2000 et 2016. Au cours de cette période, la nutrition s’est bien intégrée dans l’agenda politique du Gouvernement ; la Commission de Planification du Développement National a supervisé avec succès la mise en œuvre et l’évaluation de la Politique Nationale de Nutrition. Le pays a adopté une approche multisectorielle de la réduction de la malnutrition impliquant les Ministères de la Santé, de l’Education et de l’Agriculture. Suite à ces programmes intégrés au centre et au nord du Ghana, les taux de retard de croissance chez les enfants ont baissé de 43 à 25 pour cent et l’allaitement maternel exclusif a augmenté de 63 à 75 pour cent entre 2009 et 2012.
La forte volonté politique a également joué un rôle important dans la réduction de la malnutrition au Rwanda, après les conflits dans les années 90. Le score GHI du pays a baissé de 56 à 28 entre 2000 et 2016, alors que les taux de retard de croissance ont baissé de 48 à 38 pour cent dans la même période. La Politique Nationale de Nutrition du Rwanda, lancée en 2007 et révisée en 2013, est axée sur la coordination des efforts nationaux et locaux et rassemble une série de ministères du Gouvernement, y compris le Ministère de la Santé, de l’Education et de l’Agriculture et des Ressources Animales. Les principaux programmes mis en œuvre dans le pays au cours de la dernière décennie incluent des efforts pour améliorer les pratiques d’alimentation des enfants, pour étendre les programmes de nutrition communautaires, pour cartographier les zones d’insécurité alimentaire, et pour promouvoir la production et la consommation d’aliments nutritifs tels que les fruits et les légumes au niveau du ménage.
Le score GHI de l’Angola a baissé de 58 à 33 entre 2000 et 2008. Alors que le Ministère de la Santé dirige la plupart des interventions du pays en matière de nutrition, le Gouvernement a adopté une approche multisectorielle pour réduire la malnutrition au cours des dernières années. Par exemple, le Ministère de l’Agriculture a développé une Stratégie Nationale de Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle en 2009. Au cours de la dernière décennie, les activités de l’Angola concernant l’alimentation et la nutrition ont évolué. En effet, le pays est passé des interventions d’urgence humanitaire aux programmes orientés vers le développement. Ces derniers incluent des programmes de supplémentation pour les femmes et les enfants ; la création de Centres Communautaires pour les Nourrissons pour la distribution d’aliments nutritifs aux bébés souffrant de malnutrition ; et la création d’un Système National de Surveillance pour suivre et collecter des données primaires liées à la nutrition à travers le pays.
Au Cameroun, le score GHI a baissé de 40 à 23 entre 2000 et 2016. A partir de 2001, le Gouvernement du Cameroun a pris des mesures coordonnées pour lutter contre la faim et la malnutrition dans le pays, culminant avec la création en 2009 du Comité Interdépartemental pour la Sécurité Alimentaire, qui rassemble 19 ministères du Gouvernement à travers une série de secteurs. Les programmes mis en œuvre incluent la promotion de l’allaitement maternel, des programmes de formation et d’emploi dans le domaine de la nutrition, et un soutien nutritionnel et des suppléments alimentaires pour les groupes vulnérables. Le programme obligatoire de fortification des aliments du Cameroun, qui exige l’apport de vitamine A à l’huile végétale raffinée et l’ajout de fer, de zinc, d’acide folique et de vitamine A à la farine de blé, a réussi à réduire les déficiences en micronutriments chez les femmes et les enfants et l’anémie chez les femmes.
Le score de l’Ethiopie a baissé de 59 à 33 entre 2000 et 2016, alors que le taux de retard de croissance chez l’enfant a baissé de 57 à 40 pour cent pendant la même période. En 2008, le Gouvernement éthiopien a créé l’Agence Nationale de Coordination de la Nutrition (NNCB) qui inclut les ministères du Gouvernement, les partenaires au développement, les acteurs de la société civile, les chercheurs et le secteur privé. Les programmes appliqués dans le cadre du NNCB incluent l’utilisation d’unités d’alimentation thérapeutique pour traiter les enfants souffrant de malnutrition sévère, la pesée mensuelle et les programmes communautaires pour améliorer l’alimentation des enfants, et la supplémentation annuelle en vitamine A. L’analyse initiale des données sur 1,5 millions d’enfants de moins de deux ans a montré une baisse de l’insuffisance pondérale de 30 pour cent en janvier 2009 à 20 pour cent en mars 2010. Le rapport souligne aussi le rôle important que le Programme de Filets Sociaux (PSNP) peut jouer dans la réduction de la malnutrition et de l’insécurité alimentaire au niveau du ménage, en particulier en conjonction avec les efforts pour mieux éduquer les parents et les tuteurs sur les pratiques d’alimentation des enfants.
Enfin, le Togo a connu des progrès significatifs dans la réduction du retard de croissance chez l’enfant au cours de la dernière décennie – le score GHI du pays a chuté de 39 à 22 entre 2000 et 2016. Pendant la même période, les taux de malnutrition chez l’enfant ont chuté de 11 à 7 pour cent. En 2007, le Gouvernement a créé une Unité de Réponse Nutritionnelle d’Urgence au sein du Service National de Nutrition (SNN) ; de plus, le Gouvernement a passé un certain nombre de lois sur la fortification des aliments, y compris pour le sel, l’huile et la farine de blé. Le Plan Stratégique National d’Alimentation et de Nutrition, qui a été en vigueur de 2012 à 2015 et qui était dirigé par le Ministère de la Santé, a créé et mis en œuvre un certain nombre de programmes de nutrition efficaces, y compris la promotion de l’éducation à la nutrition pour améliorer les pratiques d’alimentation des enfants, les programmes d’alimentation et de nutrition à l’école, et la formation des agents de santé communautaire pour prévenir et gérer la malnutrition aigüe.
[1] L’indice de la faim dans le monde mesure et suit quatre indicateurs de la faim (sous-alimentation, malnutrition chez l’enfant, retard de croissance chez l’enfant et mortalité infantile), en utilisant un score normalisé de 0 à 100.