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Les discussions sur les effets du changement climatique et sur l’adaptation au changement climatique tournent souvent autour des changements en termes de rendements des cultures et des changements ultérieurs en termes de sécurité alimentaire et de revenus . Toutefois, en plus de ces impacts immédiats, le changement climatique peut avoir des effets secondaires importants sur tout un éventail d’indicateurs de développement. A ce jour, ces effets secondaires n’ont pas reçu beaucoup d’attention, mais un nouvel article dans la revue Ecological Indicators [Indicateurs écologiques] tente de combler cette lacune en examinant à quel point le changement climatique impacte la consommation alimentaire, la nutrition, les dépenses de santé, l’éducation, les loisirs et le potentiel de développement humain parmi les petits producteurs agricoles au Zimbabwe, au Cameroun, en Afrique du Sud et en Ethiopie d’ici 2050.
L’étude montre que des changements réguliers dans les modèles climatiques, et les baisses de revenus qui en découlent, ont un impact ‘modéré’ à ‘élevé’ sur ces populations. Notamment, les petits exploitants sont confrontés à : une plus grande vulnérabilité face aux maladies et aux troubles nutritionnels ; un manque significatif d’opportunités d’éducation ; et une réduction ultime du potentiel de développement humain et sociétal.
Selon ce document, il existe plusieurs incertitudes sous-jacentes à ces estimations du changement climatique, changements de revenus et conséquences secondaires, y compris les incertitudes concernant les estimations des relations de régression, le modèle climatique utilisé pour estimer la température et les précipitations, et les trajectoires attendues des émissions de gaz à effet de serre. Les auteurs utilisent un système de pondération pour prendre en compte ces incertitudes et pour fournir un ensemble d’estimations que les décideurs politiques peuvent utiliser pour établir des politiques de développement et d’adaptation au changement climatique.
En termes de consommation alimentaire, l’étude montre que le changement climatique et les baisses de revenus dues au changement climatique produiront des impacts d’une grande ampleur sur la consommation alimentaire globale, avec toutefois des degrés variables de ces impacts à travers la région. La consommation de céréales sera moins affectée que d’autres catégories d’aliments, en grande partie à cause des niveaux d’élasticité comparativement plus faibles de la consommation de céréales dans les pays concernés par l’étude. Parmi les quatre pays étudiés, le Zimbabwe pourrait connaître la plus importante baisse de consommation de céréales. Toute baisse dans la consommation de céréales dans ces pays pourrait mener à une baisse importante dans la consommation globale de calories, car les céréales constituent une part importante des régimes alimentaires en milieu rural. Etant donné que la consommation calorique est déjà en dessous des niveaux recommandés pour de nombreux ménages agricoles dans ces pays, ceci pourrait avoir des impacts graves sur la faim, la nutrition et la santé humaine.
La consommation de viande est également faible dans les pays étudiés, et la baisse prévue en consommation de viande au Zimbabwe, en Afrique du Sud et au Cameroun, due aux baisses de revenus entraînées par le changement climatique, pourrait augmenter l’incidence de l’anémie. Enfin, le changement climatique et les baisses de revenus qui en découlent réduiront également la consommation d’huiles, de graisses et de fruits ; ceci pourrait entraîner des déficiences importantes en micronutriments, augmentant la malnutrition chronique, le retard de croissance chez l’enfant et la vulnérabilité face aux maladies telles que le VIH. Les auteurs suggèrent également que ces effets pourraient être proportionnellement plus élevés pour les filles, les femmes et les anciens, étant donné que ces franges de la population renoncent souvent à leur consommation pour assurer l’alimentation des membres masculins de la famille.
L’étude montre aussi que le changement climatique et la baisse de revenus agricoles qui en découle peuvent mener à une réduction disproportionnée dans l’argent dépensé pour les services médicaux et de santé, en comparaison avec d’autres catégories d’étude, à cause de la grande élasticité de consommation de ces services. L’utilisation de soins médicaux est déjà plutôt basse dans les pays étudiés, selon les auteurs ; et une réduction supplémentaire pourrait rendre les petits exploitants encore plus vulnérables face aux maladies telles que la malaria et la tuberculose. Ces maladies causent souvent des pertes supplémentaires dans la productivité étant donné que les ouvriers agricoles malades ne peuvent pas travailler, ce qui crée un cercle vicieux. Les femmes, encore une fois, devraient être affectées de manière disproportionnée par ces réductions en dépenses médicale, en particulier pendant la grossesse, l’accouchement et l’allaitement.
L’éducation des enfants est aussi susceptible de subir les conséquences du changement climatique et de la baisse des revenus agricoles ; en effet, les inscriptions à l’école secondaire et supérieure risquent de chuter de manière significative à mesure que les familles allouent les ressources financières réduites à des besoins plus immédiats comme l’alimentation et le logement. Les filles seront affectées de manière disproportionnée, étant donné que de nombreux ménages dans les pays étudiés soutiennent de manière disproportionnée l’éducation des enfants mâles par rapport à celle des filles. Par exemple, l’indice de parité entre les sexes pour l’enseignement secondaire supérieur était de 0,61 au Cameroun, 0,58 en Ethiopie, 0,86 au Zimbabwe en 2005, selon l’UNESCO.
Globalement, ces réductions dans la consommation alimentaire, dans les dépenses médicales et dans l’éducation, auront un impact négatif considérable sur le développement humain dans la région. Par exemple, l’espérance de vie pourrait baisser suite à une malnutrition accrue et à une vulnérabilité face aux maladies combinée avec une capacité réduite de payer pour les soins de santé.
Comprendre ces effets secondaires du changement climatique peut aider les décideurs politiques à établir un filet de sécurité approprié et des programmes d’adaptation pour protéger les populations rurales, en particulier les petits exploitants et les femmes. Tout d’abord, les auteurs recommandent des moyens pour soutenir les niveaux des revenus ruraux, comme fournir plus de services d’irrigation, encourager l’utilisation de variétés de cultures résistantes à la chaleur, augmenter le financement et le soutien de la recherche agricole et le développement et l’extension des services, et générer des opportunités d’emplois en dehors du secteur agricole.
De plus, les programmes de filets de sécurité sociaux, tels que les programmes d’alimentation complémentaire ou le programme de filet de sécurité productif (PSNP) de l’Ethiopie, devraient être établis pour aider à assurer l’alimentation et/ou les revenus en espèces des ménages souffrant de l’insécurité alimentaire. De plus, les décideurs politiques devraient se concentrer sur la réduction des coûts de l’éducation ou l’apport d’une assistance financière pour les étudiants provenant de zones négativement affectées par le changement climatique ; les centres de santés ruraux et des schémas d’assurance maladie à faible coût devraient être établis ou étendus.