Améliorer la sécurité alimentaire au Sud-Soudan : Le rôle des stocks alimentaires publics et des importations de céréales
Avec ses antécédents de troubles politiques et de conflits armés, combinés à des sécheresses périodiques, une pauvreté généralisée et de faibles niveaux de production alimentaire par habitant, le Sud-Soudan est confronté à une situation de sécurité alimentaire particulièrement redoutable. Actuellement, le plus récent pays d'Afrique dépend des importations de céréales du secteur privé en provenance de l'Ouganda pour 30 à 50 % de son approvisionnement total en céréales.
Lors d'un séminaire de l'IFPRI la semaine dernière, les chercheurs Paul A. Dorosh, Shahidur Rashid, Abigail Childs et Joanna van Asselt ont présenté une étude sur la question. "Améliorer la sécurité alimentaire dans le sud du Soudan : Le rôle des stocks alimentaires publics et des importations de céréales " explore le rôle des stocks alimentaires publics et des importations de céréales du secteur privé dans l'amélioration de la sécurité alimentaire par la distribution ciblée de nourriture aux ménages en situation d'insécurité dans tout le pays. (Voir la présentation complète.)
Pour évaluer la sensibilité de la demande et des prix des céréales du Sud-Soudan aux chocs de production et de prix internationaux, les auteurs utilisent des simulations de modèles d'équilibre partiel dans lesquels les prix intérieurs sont égaux aux prix de parité des importations et s'ajustent pour libérer les marchés. Leurs simulations révèlent qu'une réduction des flux d'importation entraînerait une augmentation importante des prix intérieurs, ce qui provoquerait des difficultés accrues pour les consommateurs pauvres.
Les auteurs ont ensuite abordé un problème connexe important : étant donné qu'il existe des défaillances du marché qui empêchent les ménages les plus pauvres de bénéficier du commerce, comment le Sud-Soudan peut-il maintenir des stocks alimentaires suffisamment importants pour fournir des filets de sécurité aux ménages en situation d'insécurité et pour stimuler les incitations à la production ?
Si la fourniture d'une aide alimentaire d'urgence est une stratégie populaire, elle ne permet pas d'accroître durablement la sécurité alimentaire. Une solution plus durable serait un système de réserve nationale de sécurité alimentaire (NSFR) avec un petit stock national de sécurité alimentaire. Selon les auteurs, ce système pourrait atténuer les effets de la défaillance du marché en fournissant des denrées alimentaires dans le cadre des opérations de secours d'urgence et de filet de sécurité tout en permettant au pays de renforcer ses capacités.
Les auteurs de l'étude ont également fortement insisté sur l'importance de promouvoir le secteur privé, tant au niveau du commerce intérieur que des importations. Les expériences passées avec les systèmes NFSR ont montré que des réserves mal conçues non seulement ne parviennent pas à promouvoir la sécurité alimentaire, mais peuvent directement nuire au développement du marché et aux incitations à la production. Les auteurs expliquent qu'au lieu de déplacer le secteur privé ou de le fausser, le système NFSR tel qu'ils l'envisagent - avec une forte implication du secteur privé - contribuerait au développement du marché à moyen et long terme.
Compte tenu des contraintes administratives importantes du Sud-Soudan et des récents conflits politiques, est-il réaliste de promouvoir un système NFSR qui nécessite des ressources importantes et des recherches poussées ? Oui, répondent les auteurs. Ils gardent l'espoir que le pays du Sud-Soudan puisse atteindre un niveau de stabilité qui lui permette de reconsidérer de manière réaliste un système NFSR qui non seulement approvisionnerait les ménages en situation d'insécurité alimentaire, mais qui permettrait et favoriserait également un secteur privé et un commerce d'importation florissants.