Une révolution nutritionnelle en Afrique: Conférence 2016 du ReSAKSS
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La Conférence 2016 du ReSAKSS , qui s’est déroulée du 18 au 20 octobre à Accra, Ghana, a été axée sur une meilleure alimentation et une meilleure nutrition en Afrique. Des sessions parallèles ont été organisées le premier jour de la conférence ; entre autres, une session de discussion sur les lacunes de la recherche en sécurité alimentaire et nutritionnelle dans le cadre du PDDAA . Le panel a commencé avec une discussion animée par M. Maximo Torero (IFPRI) sur les résultats d’un sondage réalisé par le Portail de la sécurité alimentaire de l’Afrique sub-saharienne et sur le lien entre ces résultats et les lacunes réelles et persistantes de la recherche dans le cadre de l’initiative du PDDAA.
Les plus importantes lacunes identifiées dans le sondage incluent la cartographie du commerce à travers les régions et le suivi de la distorsion des prix ; ces sujets entrent dans le cadre des informations nécessaires pour réussir à suivre les engagements de Malabo. Lors de sa présentation, M. Torero a précisé que le projet du portail de la sécurité alimentaire suit un certain nombre d’indicateurs directement liés au PDDAA (y compris la production, l’importation et l’exportation des cultures de base ; les populations/les enfants souffrant de malnutrition ; la mortalité des enfants de moins de 5 ans ; les taux de pauvreté nationaux ; l’indice de la faim dans le monde ; et le rapport sur la nutrition mondiale). Les efforts réalisés pour calculer les pertes post-récoltes et la volatilité des prix, ainsi que les potentiels déterminants de la volatilité, ont également été au cœur des débats. M. Torero a rappelé que la responsabilisation face aux engagements de Malabo dépend de la disponibilité de bonnes mesures de base des indicateurs tels que les pertes post-récolte.
Le Pr. Richmond Ayreetey de l’Université du Ghana a également souligné le besoin de données probantes et de qualité pour illustrer les progrès en matière de réalisation des objectifs de sécurité alimentaire et de nutrition. Il a exprimé son inquiétude et déclaré que la recherche doit être davantage liée aux priorités locales et ne pas se laisser orienter uniquement par les demandes et les objectifs externes. M. Ayreetey a également discuté du projet Nutrition Links qui est axé sur l’augmentation des revenus et la fourniture d’accès aux microfinances, mais il a mentionné que ces types de programmes sont très spécifiques à certaines localités et ne peuvent souvent pas être appliqués à grande échelle avec les mêmes résultats en nutrition.
Mme Karen Mukuka, Directrice du Département Alimentation et Nutrition du Ministère de l’Agriculture en Zambie, a décrit le contexte et la situation des programmes de la Zambie ciblant la nutrition et la sécurité alimentaire, ainsi que les efforts du pays pour suivre les indicateurs tels que la consommation alimentaire. Mme Mukuka, a indiqué que des informations supplémentaires sont nécessaires concernant le contenu nutritionnel des aliments locaux et la consommation de d’autres aliments nutritionnels tels que les fruits, les légumes et les légumineuses.
Mme Namukolo Covic, de l’IFPRI, a fourni un aperçu du cadre de recherche du PDDAA et des besoins spécifiques en termes de données pour chaque indicateur du PDDAA. Elle a discuté de l’inclusion d’un minimum de diversité alimentaire pour les femmes et les enfants dans le cadre du PDDAA et de l’objectif d’utiliser l’agriculture comme une stratégie-clé pour éliminer la faim d’ici 2025. Mme Covic a exprimé le souhait que la collecte de données sur la consommation alimentaire soit faite de manière assez régulière pour susciter des changements de politique.
La session s’est terminée avec un certain nombre de questions pour le panel : Quels sont les indicateurs les plus pertinents ? Comment partager ces indicateurs ? Quels sont les meilleurs mécanismes pour suivre les indicateurs ? Sans oublier la nécessité de suivre les investissements du secteur privé ainsi que les dépenses du gouvernement.
Le deuxième jour de la conférence du ReSAKSS a été l’occasion de présenter un état des lieux de la nutrition en Afrique et des progrès actuellement réalisés vers l’atteinte des objectifs de la région. La discussion a été centrée sur le rapport annuel 2015 des tendances et perspectives du ReSAKSS. Lors d’une discussion sur les opportunités et les défis d’une meilleure alimentation en Afrique, une présentation du travail de l’IFPRI, en partenariat avec Helen Keller International (HKI), a permis d’évaluer plusieurs projets. Entre autres : les efforts pour augmenter la consommation d’aliments nutritifs au Burkina Faso, le suivi de la croissance économique, les schémas de la consommation alimentaire au Ghana, et le rôle joué par les mycotoxines en nutrition.
Un panel d’experts, dirigé par Mme Rajul Pandya-Lorch de l’IFPRI, a débattu de la nécessité de se tourner vers le secteur privé pour fournir des aliments nutritifs, d’augmenter le commerce inter-régional, et de tenir compte de l’hétérogénéité des structures et infrastructures tarifaires pour augmenter la mobilité des aliments nutritifs. L’éducation a également été mentionnée comme essentielle pour l’élaboration des régimes alimentaires.
Le panel a également abordé les leçons à tirer de l’exemple de l’Amérique Latine en termes de taxation du sucre pour lutter contre l’obésité et le diabète. M. Torero a conclu que les preuves obtenues sur la taxation du sucre ne sont pas précises et que plus d’informations sont nécessaires concernant la consommation alimentaire, l’élasticité des prix et des prix croisés du sucre, et les effets de substitution. Il a réitéré l’importance de l’éducation des enfants (à considérer potentiellement à la place de la taxation) dans la promotion de la nutrition en Afrique. Poursuivant la discussion sur les transitions alimentaires, Mme Lucy Mwangi du Ministère de l’Agriculture du Rwanda a souligné les avantages de l’adoption de la consommation d’insectes à plus grande échelle.
En termes de rôle des technologies de l’information et de la communication (TIC) dans la promotion d’une meilleure nutrition, M. Torero a souligné que ces technologies ne sont pas une solution en elles-mêmes mais plutôt un moyen de transférer l’information ; les trois C – contenu, capacité et connectivité – sont essentiels pour une utilisation efficace des TIC. Bien que la connectivité se soit améliorée dans la région, la capacité et le contenu des TIC restent un défi pour l’Afrique.
Rédigé par: Summer Allen, IFPRI