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Rapport de l'état de l’agriculture en Afrique

Le dernier Rapport d’avancement de l’agriculture en Afrique lancé la semaine dernière par l’ Alliance pour une Révolution Verte en Afrique (AGRA) , fait état de progrès significatifs dans le secteur agricole africain après une décennie d’une attention accrue de la part des gouvernements et de la communauté internationale. Les investissements dans l’agriculture de la part des gouvernements et des acteurs du secteur privé ont augmenté dans de nombreux pays de la région ; et on constate une augmentation de la productivité agricole, une meilleure nutrition et une augmentation des opportunités de travail non-agricole dans le système agroalimentaire de la région qui est actuellement en pleine croissance.

La transformation agricole est actuellement en marche en Afrique grâce à un certain nombre de facteurs. En effet, le secteur agricole évolue progressivement du statut de secteur de subsistance – axé sur les exploitations agricoles – à un secteur agroalimentaire productif plus commercialisé. Parmi ces facteurs, on peut citer : une volonté politique accrue ; la création d’un environnement favorable (en grande partie grâce au cadre du Programme Détaillé de Développement de l’Agriculture en Afrique – PDDAA) ; l’utilisation de la technologie numérique et d’intrants agricoles modernes ; et un meilleur accès aux financements et aux marchés pour les petits exploitants agricoles.

Les dépenses publiques au niveau national consacrées à l’agriculture ont évolué en moyenne de 128,55 millions de dollars US en 1995-2003 à $ 219,62 millions en 2008-2014. La part des dépenses agricoles des gouvernements africains dans le PIB agricole total est passée pendant la même période de 5,1 pour cent à 5,8 pour cent.

Le rapport a montré que la part de la population africaine vivant de l’agriculture à petite échelle comme principale activité génératrice de revenus s’inscrit aujourd’hui entre 40 et 65 pour cent. Il y a dix ans, ce chiffre se situait entre 60 et 80 pour cent. A mesure que la productivité agricole augmente, on note une tendance de l’emploi vers les secteurs non-agricoles ; il semble que de nombreux pays africains font actuellement l’expérience de cette tendance. La plus grande variété d’opportunités d’emplois non-agricoles peut aider les agriculteurs de subsistance à sortir de la pauvreté ; le rapport indique que ce mouvement a largement contribué à la réduction de la pauvreté rurale ces dix dernières années. L’augmentation future des emplois non-agricoles aidera à susciter le développement économique à travers la région.

Le chapitre 2 souligne que cet intérêt renouvelé pour le secteur agricole en Afrique peut être en grande partie attribué au PDDAA, lequel fournit un cadre pour l’augmentation des investissements agricoles et de la productivité, réduisant la pauvreté et assurant la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Malgré la variation des degrés d’adoption et de mise en œuvre des résolutions du PDDAA, l’analyse préliminaire suggère que les gouvernements qui ont mis en œuvre l’agenda du PDDAA le plus tôt ont connu une plus importante croissance de la productivité agricole et une plus importante réduction de la pauvreté que leurs homologues qui ont mis en œuvre l’agenda plus tard ou pas du tout. Une tendance similaire peut être constatée dans la baisse de la malnutrition. Selon le rapport, les pays qui ont adopté l’agenda du PDDAA ont connu des baisses annuelles de la malnutrition de 2,4 et 5,7 pour cent au cours des dix dernières années, alors que les pays qui n’ont pas adopté l’agenda ont enregistré une baisse d’à peine 1,2 pour cent.

Le PIB par habitant augmente à travers la région pour la première fois depuis 1990 ; cette croissance s’est étendue à tous les secteurs, y compris l’agriculture. Entre 2000 et 2014, le PIB par habitant a augmenté en moyenne de 2,3 pour cent pour l’Afrique. Pour comparaison, les taux de croissance mondiaux du PIB ont augmenté de 2,5 pour cent. Cette hausse constante du PIB a permis de réduire l’incidence de la pauvreté (15,5 pour cent en 1995-2003 à 12,5 pour cent en 2008-2014).

Certes, la décennie passée a été une période de progrès énormes pour l’Afrique, mais de nombreux défis restent à relever pour atteindre les objectifs de développement établis par les Objectifs de Développement Durable et la Déclaration de Malabo de 2014. Le rapport met en avant plusieurs recommandations adressées aux décideurs politiques en Afrique et aux partenaires du développement pour maintenir la dynamique positive constatée au cours des dix dernières années. La première recommandation : le financement continu et croissant du secteur agricole, en particulier pour la recherche agricole et le développement pour assurer la disponibilité de variétés de semences améliorées et de stratégies d’adaptation au changement climatique. Entre autres investissements importants, celui des infrastructures de transport, pour réduire les coûts des transports et mieux connecter les zones rurales aux marchés à forte valeur ajoutée.

La seconde recommandation consiste à améliorer et étendre les services de vulgarisation agricoles qui permettront d’aider les agriculteurs à acquérir les compétences nécessaires pour naviguer dans le nouveau système agroalimentaire en Afrique. Ces services devraient couvrir l’utilisation de la technologie numérique, la gestion des exploitations agricoles modernes, l’utilisation des intrants, l’adaptation face au changement climatique, le financement et la commercialisation.

Troisième recommandation : les investissements privés dans les chaînes de valeur agricoles, les chaînes d’approvisionnement en intrants et le secteur agricole en général, devraient être encouragés. Cela aidera à améliorer les conditions d’accès au marché.

Enfin, les gouvernements doivent veiller à ce que les politiques agricoles soient inclusives. La croissance durable à long terme dans le secteur agricole ne sera possible que si les petits agriculteurs, les femmes, les minorités et les jeunes peuvent y participer de manière équitable.

De plus, d’importantes lacunes de connaissance persistent concernant l’impact du PDDAA sur les indicateurs de sécurité alimentaire et de nutrition dans la région. Le Portail de la Sécurité Alimentaire de l’Afrique Sub-saharienne réalise actuellement un sondage en ligne pour aider à identifier ces lacunes et à établir les priorités de la recherche future.

Le Rapport d’Avancement de l’Agriculture en Afrique a été lancé lors du sixième Forum sur la Révolution Verte en Afrique (AGRF) à Nairobi, où les leaders, hommes d’affaires  africains, et principaux partenaires au développement, ont engagé 30 milliards de dollars pour augmenter la productivité agricole, les revenus et les emplois dans la région au cours des dix prochaines années, dans le cadre de la nouvelle initiative « Seize the Moment ».