Publication du Rapport 2018 sur les Politiques Alimentaires Mondiales
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Selon le Rapport 2018 sur les Politiques Alimentaires Mondiales de l’IFPRI, la mondialisation a joué un rôle essentiel dans la croissance économique durable enregistrée en Afrique sub-saharienne ces dernières années. Cependant, la montée du protectionnisme et de l’anti-mondialisation dans certains pays développés pourrait représenter une menace pour les perspectives de croissance économique et de développement dans la région.
En 2017, l’Afrique sub-saharienne a connu une croissance globale du PIB de 2,6 pour cent, par rapport aux 1,4 pour cent enregistrés en 2016. Cette augmentation provient largement de la remontée des prix mondiaux du pétrole et des denrées alimentaires, étant donné que le continent dépend largement des exportations de ces produits. Le secteur agricole de la région a également connu une croissance régulière ces dernières années ; la valeur ajoutée agricole a augmenté de 4,7 pour cent de 2008 à 2016, par rapport à 4,2 pour cent de croissance de 2003 à 2008. Bien que cette croissance agricole globale reste en dessous des 6 pour cent établis par le Programme Détaillé de Développement de l’Agriculture en Afrique (PDDAA), 13 pays africains ont dépassé cet objectif depuis 2016.
La région a également réalisé de modestes progrès dans la mise en œuvre du PDDAA dans son ensemble et des objectifs de la Déclaration de Malabo, en 2017. Selon le premier rapport de la revue biennale rédigé par les membres du PDDAA, moins de la moitié (20) des 47 pays étant présenté un rapport sont sur la bonne voie pour réaliser les engagements de Malabo d’ici 2025. Globalement, 47 des 55 pays africains ont participé à l’élaboration de ce rapport de revue de niveau continental, qui a été présenté au Comité de Spécialisation Technique de la Commission Africaine en octobre 2017, en prélude à sa présentation à l’Assemblée de l’Union Africaine. En 2016 et 2017, de nombreux pays africains ont également élaboré de nouveaux plans nationaux d’investissement dans l’agriculture et la sécurité alimentaire.
Toutefois, certaines tendances régionales ne sont si positives. Par exemple, la croissance globale des dépenses agricoles de l’Afrique a baissé de façon constante depuis la crise économique mondiale de 2008-2009 ; à ce jour, seuls cinq pays ont atteint les objectifs du PDDAA de 10 pour cent d’augmentation des dépenses publiques pour l’agriculture. Le rapport indique que cette baisse de la croissance des dépenses agricoles représente un sérieux problème, qui menace les progrès de la région en termes de réduction de la pauvreté et d’amélioration de la sécurité alimentaire.
De même, la faim et la pauvreté restent des obstacles significatifs au développement. Au cours des deux dernières décennies, l’Afrique sub-saharienne a connu des baisses des taux de pauvreté, de la faim et de la malnutrition infantile ; de nombreux pays ont connu une baisse de la prévalence de l’insuffisance pondérale chez les enfants de plus de 50 pour cent depuis 2003. Cependant, l’Indice de la Faim dans le Monde continue de qualifier les niveaux de famine dans la plupart des pays africains de « sérieux » ou « alarmant », tandis que la région dans son ensemble a été classée dans la catégorie « sérieux ». Les conflits en cours et les chocs liés au changement climatique ont aggravé ces défis dans de nombreuses zones de la région, menaçant les perspectives de progrès vers la sécurité alimentaire/nutritionnelle et la croissance économique.
Les flux d’Investissements Directs Etrangers (IDE) en Afrique ont baissé de 3 pour cent en 2016, mais les IDE varient également d’un pays à l’autre. L’Angola, l’Egypte, l’Ethiopie, le Ghana et le Nigéria ont reçu plus de la moitié de l’ensemble des IDE adressés au continent. L’IDE pour la République Démocratique du Congo a baissé de 28 pour cent suite à la baisse des prix mondiaux des métaux ; d’autre part, l’IDE en l’Ethiopie a augmenté de 46 pour cent grâce à l’augmentation des investissements dans l’industrie et les infrastructures.
La région doit encore inverser les récentes baisses des exportations et des importations, qui ont été entraînées par : des prix mondiaux du pétrole et des denrées qui restent bas (malgré la reprise), une croissance plus lente en Chine et chez d’autres partenaires majeurs, et des sécheresses à travers l’Afrique. L’ensemble des exportations à partir de l’Afrique Sub-saharienne a baissé de 12 pour cent en 2016.
Les conflits incessants et les chocs climatiques dans plusieurs régions ont également entraîné des taux élevés de migration forcée et d’insécurité alimentaire sévère. Les conditions de famine ou de quasi-famine sont apparues au Sud-Soudan, au Nigeria et en Somalie en 2017 ; de plus, certaines parties du Kenya, de l’Ethiopie et de la République Démocratique du Congo ont connu des crises majeures de sécurité alimentaire. Ces conditions d’urgence et les besoins en aide humanitaire qui en découlent devraient perdurer en 2018, et la migration à partir des zones affectées continuera à mettre la pression sur les pays voisins.
Pour relever tous ces défis de front, les décideurs politiques africains devront se concentrer sur la réforme des politiques dans un certain nombre de domaine, selon le rapport. La croissance économique continue de la région, qui devrait atteindre les 3,2 pour cent en 2018, reste vulnérable face à l’augmentation de la dette et des frais de service de la dette, au ralentissement des IDE et aux prix toujours bas de certaines denrées importantes comme le cacao. Le rapport souligne que les décideurs politiques africains devront augmenter les dépenses agricoles ainsi que les investissements afin de booster la productivité agricole, et devront également continuer à améliorer les politiques macroéconomiques et sectorielles pour stimuler la croissance économique. Plus spécifiquement, les pays doivent améliorer leur gestion de la dette, établir des environnements d’affaire favorable pour stimuler les investissements en provenance du secteur privé, et attirer davantage d’IDE. En termes d’IDE, le rapport cite des agences de promotion des investissements qui ont identifié l’agriculture, les produits alimentaires et les boissons, l’eau et l’électricité, comme les secteurs les plus prometteurs en termes d’attraction des IDE dans la région. Toutes ces politiques pourraient aider à assurer l’intérêt des investisseurs pour la région, malgré la montée de l’anti-mondialisation.
Enfin, les décideurs politiques et les partenaires au développement doivent concevoir des programmes de développement plus inclusifs et des programmes agricoles plus sensibles à la nutrition, afin d’atteindre les objectifs de la Déclaration de Malabo d’ici 2025.