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Les niveaux de la faim en Afrique Sub-saharienne restent parmi les plus élevés au monde, selon le dernier rapport GHI (indice de la faim dans le monde), publié aujourd’hui par l’IFPRI, Concern Worldwide et Welthungerhilfe .
Le GHI 2017, qui classe les niveaux de la faim sur la base de quatre indicateurs (sous-alimentation, retard de croissance chez l’enfant, malnutrition de l’enfant et mortalité de l’enfant), rapporte que les niveaux de la faim ont baissé dans le monde d’environ 27 pour cent depuis 2000. Pendant la même période, le score GHI de l’Afrique Sub-saharienne a connu la baisse la plus importante en valeur absolue de GHI – soit une baisse de 14 points. Cependant, le rapport 2017 indique que, malgré ces progrès, l’ASS reste dans la catégorie « très grave », avec un score GHI de 29,4. Seule l’Asie du Sud, avec 30,9 points, possède des niveaux plus élevés. En ASS, les deux indicateurs qui semblent être à l’origine du score GHI élevé de la région sont la mortalité infantile et la sous-alimentation globale. La sous-alimentation dans la région est restée pratiquement inchangée depuis ses niveaux de 2007-2009 (22 pour cent). Il s’agit du taux de sous-alimentation régional le plus élevé au monde. L’augmentation du prix des aliments, l’instabilité politique et les conflits, ainsi que les sécheresses sévères, jouent un rôle dans cette stagnation, d’après le rapport.
Au niveau national, sept des huit pays qui ont des niveaux extrêmement alarmants ou alarmants , se trouvent en ASS : République Centrafricaine, Tchad, Liberia, Madagascar, Sierra Leone, Soudan et Zambie. Le rapport cite des conflits en cours comme étant parmi les principaux facteurs derrière les niveaux élevés de faim dans ces pays. De plus, dans plusieurs pays africains qui ne pouvaient pas être classés à cause du manque de données suffisantes – Burundi, République Démocratique du Congo, Erythrée, Libye, Somalie et Sud-Soudan – la situation de sécurité alimentaire reste préoccupante. L’état de famine a été déclaré au Sud-Soudan au début de l’année 2017, et des conditions proches de la famine ont été identifiées en Somalie.
Néanmoins, de nombreux pays de la région ont amélioré leur statut en termes de sécurité alimentaire. Par exemple, le rapport indique que l’Angola, l’Ethiopie et le Rwanda ont tous amélioré leurs score GHI, passant de « extrêmement alarmant » en 2000 à la catégorie « très grave » en 2017, malgré de violents conflits et des famines au cours des dernières décennies. Bien que les taux de retard de croissance et de mortalité infantile restent élevés, leur évolution à partir des niveaux les plus élevés de faim et de sous-alimentation montre qu’il est possible de surmonter de tels chocs. De plus, le rapport cite que l’Angola, le Gabon et le Mali ont atteint des taux de sous-alimentation en-dessous de 15 pour cent à partir de 2014-2015. Ces améliorations sont dues en grande partie à l’augmentation des investissements dans le secteur agricole et à des améliorations de la productivité agricole.
Le Kenya offre un autre cas d’amélioration impressionnant ; le score GHI du Kenya a chuté de 44 pour cent à partir de 2000. Cette baisse change le classement du pays, il passe de « alarmant » à « grave », proche de « modéré ». La croissance économique soutenue au cours des dernières années et les investissements dans l’amélioration de la sécurité alimentaire et de la nutrition ont joué un rôle important dans cette progression. En 2012, le Kenya a établi un Plan d’Action National pour la Nutrition et augmenté les investissements dans les programmes agricoles, programmes de résilience face aux catastrophes et programmes de sécurité alimentaire. La situation du pays reste difficile, malgré des progrès dans certains domaines. Plus particulièrement, la sécheresse qui a touché le pays en 2016-2017 a eu un impact significatif sur les récoltes et sur la production animale et a joué un rôle dans l’augmentation des prix des aliments. Le rapport GHI cite des recherches suggérant que pour relever ces défis, le Kenya a besoin d’interventions nationales en nutrition en plus des solutions immédiates de lutte contre la sécheresse.
Le GHI fournit également des données de niveau sous-national concernant le retard de croissance chez les enfants et indique des grandes disparités au sein des pays. Par exemple, dans certains pays qui présentent des taux de retard de croissance nationaux relativement bas, il existe encore des régions avec des niveaux de retard de croissance élevés. Le Gabon, par exemple. Le taux national de retard de croissance est 16,5 pour cent au Gabon ; cependant, le retard de croissance dans le pays varie énormément. Dans la région nord-est faiblement peuplée, les taux de retard de croissance vont jusqu’à 34,5 pour cent, alors que dans les deux plus grandes villes, les taux de retard de croissance sont d’à peine 10,6 pour cent. Des situations similaires existent dans de nombreux autres pays de la région. Par exemple, en Tanzanie, le taux national de retard de croissance est d’environ 35 pour cent ; cependant, à l’intérieur du pays, les taux de retard de croissance vont de 15 à 60 pour cent. Le rapport indique que ces différences peuvent s’expliquer par une distribution inégale des ressources du pays, la pauvreté et la faim plus communes dans des zones rurales et isolées.
L’inégalité participe aussi à la situation d’insécurité alimentaire au Nigeria, où des conditions de quasi-famine ont été déclarées au début de l’année 2017 dans la partie nord-est du pays. Dans cette région, 4,5 millions de personnes sont confrontées (ou risquent d’être confrontés) à la famine en raison des conflits de longue durée. Cependant, au Nigeria en général la sécurité alimentaire est relativement stable, avec un score GHI de 25,5. De même, le retard de croissance varie énormément au Nigeria, entre 8 et 63 pour cent, avec une moyenne nationale d’environ 35 pour cent.
Les disparités entre les pays et à l’intérieur des pays montrent qu’une approche uniforme de la réduction de la faim ne sera pas efficace. Pour atteindre l’Objectif de Développement Mondial des NU d’éliminer la faim sous toutes ses formes tout en assurant qu’aucune population ne sera négligée, il faudra que les décideurs politiques et les organisations internationales examinent et traitent les causes de cette inégalité. Le GHI fournit plusieurs recommandations politiques dans ce sens, y compris encourager la gouvernance démocratique des systèmes alimentaires nationaux, augmenter l’assistance aux petits agriculteurs, augmenter l’égalité des femmes et autres groupes marginaux à travers l’amélioration de l’éducation et les filets sociaux, et créer de solides cadres régulatoires pour défendre les droits humains, les normes environnementales, la sécurité alimentaire et la souveraineté.