La malnutrition au cours des deux premières années de vie peut mener à des risques plus élevés de morbidité et de mortalité infantile. Au niveau mondial, la malnutrition est la cause de 45 pour cent des décès enregistrés chez les enfants de moins de 5 ans. De plus, la malnutrition peut entraîner un développement sous-optimal du cerveau, ce qui affecte le développement cognitif et peut entraîner de mauvaises performances à l’école et une faible productivité dans la vie adulte.
L’Afrique sub-saharienne présente certains des taux les plus élevés au monde de malnutrition chez l’enfant (39 pour cent du retard de croissance et 10 pour cent de la malnutrition infantile sur le classement mondial, selon l’OMS). L’ indice de la faim dans le monde de 2016 (GHI) a montré que la région comprend cinq des sept pays du monde qui sont encore à des niveaux « alarmants » de famine. Une étude récente écrite par une équipe de chercheurs de l’Université de l’Ouest de Sydney et publiée dans PLOS One se penche sur la distribution de la malnutrition au sein de quatre sous-régions d’Afrique sub-saharienne pour identifier les zones les plus affectées.
En se basant sur des données transversales provenant des Enquêtes Démographiques et Sanitaires publiques de 2006 à 2016, l’étude évalue 32 pays, regroupés en sous-régions (Afrique de l’Est, Afrique de l’Ouest, Afrique Australe et Afrique Centrale). L’étude fournit une méta-analyse de la prévalence des indicateurs de la malnutrition, tels que le retard de croissance, la malnutrition et le poids, pour chaque région. Un modèle à effet aléatoire, combiné à une analyse de sensibilité, a été utilisé pour explorer l’hétérogénéité des indicateurs particuliers au sein de la région. Les résultats peuvent aider les décideurs politiques, les organisations mondiales, les organisations gouvernementales et non-gouvernementales, les secteurs publics et privés de la santé, et les chercheurs de la santé publique, à identifier les sous-régions les plus vulnérables où des interventions d’urgences sont nécessaires.
Les résultats concluent que la malnutrition est plus élevée dans les pays d’Afrique de l’Est et de l’Ouest. Les pays les plus vulnérables sont le Burundi, le Malawi, les Comores, l’Ethiopie, le Niger, le Mali, le Nigeria, le Burkina Faso, la Sierra Leone, la Namibie, le Tchad et la Rep. Dém. du Congo. En termes d’indicateurs particuliers, le retard de croissance est plus élevé en Afrique de l’Est, alors que la malnutrition est plus élevée en Afrique de l’Ouest. L’Afrique de l’Ouest a aussi montré les pourcentages les plus élevés d’insuffisance pondérale chez les enfants. Au niveau national, le Burundi et le Malawi avaient les taux les plus élevés, à 57,7 pour cent et 47,1 pour cent, respectivement, alors que la malnutrition était plus élevée au Niger et au Burkina Faso (18 pour cent et 15,50 pour cent, respectivement). Le Burundi et l’Ethiopie sont en tête de liste du pourcentage d’insuffisance pondérale chez les enfants, à 28,8 pour cent et 25,2 pour cent, respectivement. Pour que l’Afrique sub-saharienne puisse atteindre l’Objectif de Développement Durable d’éliminer toutes les formes de malnutrition d’ici 2030, il convient d’accorder la priorité dans ces pays et sous-régions aux interventions nutritionnelles appropriées.
Selon les auteurs, l’Afrique de l’Est a le potentiel et la capacité de produire assez de produits alimentaires pour sa consommation locale, en plus d’un excédent qui pourrait être exporté dans le marché mondial. Dans cette région, cependant, les contraintes financières, les conditions climatiques (sécheresse), le manque d’accès aux terres agricoles et les coûts élevés des transports, continuent à contribuer à l’insécurité alimentaire. Au Burundi, depuis 2005, près de six enfants sur dix sont régulièrement signalés comme souffrant d’un retard de croissance. Selon les auteurs, les programmes qui accordent la priorité à la sécurité alimentaire, à l’amélioration de la productivité agricole et à la mise en œuvre des techniques d’atténuation et d’adaptation face au changement climatique sont nécessaires d’urgence dans la sous-région de l’Afrique de l’Est.
Les taux les plus élevés de malnutrition infantile ont été enregistrés en Afrique de l’Ouest, où les progrès ont été plutôt lents dans la réduction de la malnutrition au cours des 30 dernières années. Plus de 300 millions de personnes vivent dans la sous-région ; la croissance rapide de la population, l’augmentation du coût de la vie et la désertification, ont affecté la disponibilité des produits alimentaires. De plus, la productivité agricole de la région n’a pas suivi le rythme de la croissance de la population. On note également un besoin de diversifier et d’augmenter la production alimentaire et de créer une stratégie détaillée de distribution alimentaire pour améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition des enfants.
En Afrique sub-saharienne en général, plus de 48 pour cent de la population vit avec moins de $1,25 par jour ; la pauvreté reste donc la principale cause de la malnutrition infantile dans la région. Les principales causes de pauvreté identifiées dans l’étude sont les contraintes financières découlant des systèmes économiques mal gérées, la croissance de la population et les conflits, ainsi que les facteurs environnementaux tels que les sécheresses et le changement climatique.
Les auteurs encouragent une approche multisectorielle pour traiter la pauvreté et la malnutrition infantile sur le long terme, en appelant à des efforts holistiques inter-organisationnels et inter-agences. Des stratégies efficaces et une volonté politique sont nécessaires pour soutenir les interventions efficaces dans les domaines de la planification familiale, de la nutrition et de la santé ; ces programmes doivent également prendre en compte les variables socio-culturelles et environnementales de chaque sous-région afin d’être véritablement efficaces et d’atteindre les populations les plus vulnérables.