L’Afrique australe et orientale est aux prises avec une invasion de la chenille légionnaire (FAW). Cet insecte, inconnu sur le continent jusqu’en 2016, est natif des USA, et les circonstances de son introduction en Afrique restent floues. Les vagues de sécheresses prolongées et les fortes pluies seraient à l’origine de la prévalence de cet insecte car ces conditions semblent créer un terrain fertile pour leur reproduction.
L’insecte exerce un effet extrêmement destructeur sur les cultures de base, en particulier le maïs. Des évaluations préliminaires de la FAO ont montré que près de 400.000 hectares de cultures ont été affectés dans les pays de la Communauté de Développement de l’Afrique Australe (CDAA) à ce jour. Le maïs est une culture vivrière importante en Afrique sub-saharienne ; par conséquent, ces pertes de cultures créent un problème majeur pour la sécurité alimentaire.
A ce stade, il n’existe aucune stratégie pour contrôler la chenille légionnaire. A court terme, l’utilisation de pesticides à moindres coûts apporte une solution ; néanmoins, la chenille légionnaire a déjà développé une certaine résistance aux pesticides aux USA. L’insecte est donc difficile à contrôler de cette manière et il étend rapidement son territoire en Afrique.
En mai, pendant une réunion de la CDAA, l’Afrique du Sud – forte de ses capacités techniques et de son expérience avec l’insecte – a été chargée de diriger les efforts de lutte contre la chenille légionnaire. Le Centre International pour l’Agriculture et les Sciences Biologiques (CABI, en anglais) prévoit d’utiliser les leçons apprises des agriculteurs en Amérique pour former des agents de vulgarisation agricole à travers l’Afrique ; ces services de vulgarisation formeront les agriculteurs africains sur les stratégies de lutte antiparasitaire intégrée (LAI) qui combinent le contrôle biologique et le contrôle naturel. La LAI met l’accent sur : la plantation de cultures saines, le développement de la résistance de la plante hôte et la promotion du contrôle naturel de l’insecte, comme l’utilisation des insectes prédateurs ou des pièges à phéromones.
Au Kenya , un des pays les plus touchés, les décideurs politiques ont instauré des subventions temporaires dans le but de freiner l’augmentation constante des prix du maïs. Plusieurs études de terrain ont été réalisées dans le pays par le Ministère de l’Agriculture afin de tenter de déterminer l’étendue des dommages ; les résultats suggèrent que le pays pourrait connaître jusqu’à cent pour cent de perte de maïs, riz, pâturage, sorgho, mil, coton et certaines cultures maraîchères, si des mesures urgentes ne sont pas prises. Au Ghana , on estime que les pertes de cultures concerneront jusqu’à 18.000 hectares, avec des coûts atteignant les 64 millions de dollars.
Wilson Ronno, chef de l’unité de production agricole au bureau de la FAO au Kenya, déclare que l’arrivée de la chenille légionnaire a exacerbé la sécheresse sévère déjà en cours et augmenté les prix déjà en hausse en Afrique de l’Est. Il souligne également le besoin d’une approche générale du contrôle de l’insecte, soutenue par une forte coopération transfrontalière. Selon Ronno, certaines estimations situent la perte du maïs africain causée par la chenille légionnaire à 4 milliards de dollars US si des mesures ne sont pas prises pour arrêter l’invasion.