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Famine en Afrique : une action urgente s’impose

En dépit de plusieurs mois d’ alerte , la famine continue à menacer un grand nombre de personnes au Sud Soudan, au Nigéria, en Somalie et au Yémen. Selon l’ONU, qui estime qu’il s’agit de « la plus grande crise humanitaire depuis la création des Nations Unies », jusqu’à 20 millions de personnes pourraient être confrontées à la famine dans ces quatre pays, alors que des millions d’autres à travers la Corne de l’Afrique (particulièrement au Kenya et en Ethiopie) sont confrontées à l’insécurité alimentaire. L’ONU estime que 5,6 milliards de dollars seront nécessaires en 2017 et des plans de réponse humanitaire et des fonds communs ont été préparés pour faire office de contributions directes.

La Somalie, en particulier, est confrontée à son second épisode de famine depuis 2011 ; la recherche a montré que des incitations à des réponses précoces doivent accompagner les systèmes d’alerte afin d’éviter les famines ultérieures. Outre la perte immédiate et significative de vies humaines, la famine pourrait avoir des conséquences à long terme pour le développement. Selon une déclaration de Stephen O’Brien, un fonctionnaire humanitaire des NU, sur Aljazeera « les enfants souffriront d’un retard de croissance dû à la malnutrition sévère et ne seront pas en mesure d’aller à l’école, les gains en termes de développement économique seront inversés et les moyens de subsistance, les avenirs et les espoirs seront perdus ».

Au Sud Soudan, l’analyse de l’IPC indique que 42 pour cent de la population se trouve en situation d’insécurité alimentaire sévère ; ce nombre devrait augmenter jusqu’à 47 pour cent d’ici juillet. Dans le grand Etat de l’Unité, la famine a été déclarée dans certaines zones. Le dernier rapport de l’IPC pour le Sud Soudan souligne que, en plus de l’augmentation de l’aide humanitaire vers le pays, il faudra essentiellement assurer l’accès humanitaire aux populations vulnérables dans le contexte des conflits incessants afin d’éviter des famines ultérieures.

L’IFPRI a récemment publié une analyse des facteurs à l’origine de cette situation dans chaque pays. Parmi les différentes causes de la crise, on peut citer la sécheresse et les conflits incessants (tels qu’ils ont été présentés par le portail de la sécurité alimentaire pour le Sud Soudan et la Somalie , le Nigeria et la Corne de l’Afrique dans son ensemble). Dans un entretien avec Voice of America , Ephraim Nkonya de l’IFPRI a discuté des moyens par lesquels les décideurs politiques peuvent éviter des crises sévères à l’avenir. Il y cite entre autres : une gouvernance stable, des revenus diversifiés et l’autonomisation des femmes ; tous ces facteurs pouvant augmenter la résilience des populations vulnérables face aux chocs tels que les sécheresses.

Selon FEWS NET, le besoin d’une aide humanitaire d’urgence enregistré ces dernières décennies est sans précédent ; la gravité de la situation est illustrée ci-dessous.

Source: http://www.fews.net/sites/default/files/Food_assistance_needs_2017.pdf

Les secours d’urgence pour l’approvisionnement en aliments, en eau et en soins de santé sont apportés au Sud Soudan par la Croix Rouge britannique . L’organisation fournit également une aide au Yémen et  déclare que 70 pour cent de la population dans ce pays ont besoin d’une aide d’urgence. Le Programme Alimentaire Mondial travaille également au Sud Soudan pour fournir une aide d’urgence et alerte sur le fait que le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire d’urgence au Yémen a augmenté de 20 pour cent au cours des neuf derniers mois. Le PAM demande 950 millions de dollars pour aider sept millions de personnes au Yémen cette année.

Des plans plus vastes et spécifiques à chaque pays ont été lancés par une poignée d’agences. Par exemple, la FAO a lancé son Plan de Réponse à la Sécheresse et de Prévention de la Famine en Somalie et le Plan de soutien urgent aux moyens de subsistance au Yémen. Les plans combinent des interventions d’aide humùanitaire avec un soutien aux moyens de subsistance d’urgence, y compris les transferts d’argent pour aider les populations à répondre aux besoins immédiats en aliments et en eau et une assistance pour restaurer la production alimentaire et animale. La FAO estime que 160 millions de dollars seront nécessaires pour mettre en œuvre son Plan de Réponse à la Sécheresse et de Prévention de la Famine en Somalie. De plus, l’organisation demande 61 millions de dollars pour mettre en œuvre un plan de soutien aux moyens de subsistance, augmenter la production de semences et renforcer l’information et la coordination de la sécurité alimentaire au Sud Soudan .

La Banque Mondiale travaille aussi avec plusieurs agences des NU pour améliorer la réponse à la crise dans les pays affectés. En adoptant une approche à deux volets qui se concentre à la fois sur l’aide immédiate, sur la résilience à long terme et sur le renforcement institutionnel, la Banque appelle à des efforts plus importants et plus coordonnés entre les ONG et les décideurs politiques afin d’améliorer la collecte d’informations, la planification et les investissements en termes d’aide humanitaire. Les efforts prioritaires devraient inclure l’aide alimentaire d’urgence pour les populations les plus durement touchées et le renforcement des filets de sécurité sociaux.

Rédigé par : Summer Allen et Sara Gustafson, IFPRI