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La faim au Malawi : l’effet El Niño

Le phénomène El Niño, qui se produit en moyenne tous les 2 à 7 ans, entraîne souvent une réduction des précipitations et un temps plus sec que la moyenne au Malawi. Ces conditions se traduisent en retour par de mauvaises conditions agricoles et des récoltes réduites. Un nouveau document de projet du Programme de soutien à la stratégie du Malawi examine l'étendue des effets d'El Niño sur l'agriculture et identifie les voies permettant d'atténuer les impacts ultérieurs sur les niveaux de faim dans le pays.

Selon le rapport, pendant les années El Niño, la récolte de maïs du Malawi est d'environ 2,6 millions de tonnes en moyenne, soit 22,5 pour cent de moins que celle des années « normales », et près d'un quart de moins que la quantité annuelle consommée dans le pays.

Ce déficit de maïs a des conséquences négatives importantes sur l'économie et la sécurité alimentaire du Malawi. Le rapport estime qu'avec une réduction de 22,5 pour cent des récoltes de maïs, le PIB du pays diminuerait de 4,4 pour cent en 2024. De plus, le pays perdrait définitivement deux années de croissance économique même si les rendements de maïs se redressaient en 2025. Les années Niño ont également plongé des millions de Malawites dans une insécurité alimentaire aiguë, augmentant ainsi le besoin d’aide humanitaire.

Le rapport suggère deux voies par lesquelles atténuer ces graves effets. La première consiste à atténuer l’impact d’El Niño sur la production agricole elle-même grâce à de meilleures pratiques de production. Le deuxième vise à limiter l’impact de la réduction de la production nationale sur la sécurité alimentaire en renforçant les filets de sécurité sociale et en planifiant de manière proactive une augmentation des importations alimentaires.

Les efforts visant à réduire l’impact d’El Niño sur les récoltes devraient notamment encourager l’adoption de variétés de maïs à maturation précoce et résistantes à la sécheresse, ainsi que l’adoption de cultures alternatives naturellement plus résistantes à la sécheresse, comme le sorgho et le manioc. Des pratiques améliorées de gestion des sols, telles que le paillage, le travail minimum du sol et les cultures intercalaires, peuvent également contribuer à améliorer l’humidité du sol et la rétention des éléments nutritifs et à prévenir une perte totale des récoltes.

Bien entendu, encourager l’adoption de nouvelles pratiques et cultures nécessitera l’intervention du gouvernement pour garantir un environnement propice. Il s'agira notamment de garantir la disponibilité et l'accessibilité abordable des variétés de semences appropriées et d'augmenter les services de vulgarisation pour les agriculteurs, en particulier dans la zone sud du pays où les effets d'El Niño ont tendance à être plus importants.

La deuxième voie vise à garantir la sécurité alimentaire du pays, même face à de mauvaises récoltes. Ces efforts devraient notamment encourager l’utilisation de techniques de gestion post-récolte appropriées pour réduire les pertes alimentaires. À plus grande échelle, le pays devra planifier de manière plus proactive l’augmentation des importations de produits alimentaires de base en provenance de partenaires régionaux moins touchés par El Niño ou d’autres régions productrices, comme l’Afrique de l’Est ou l’Amérique du Nord. Anticiper permettra d’augmenter les achats de produits alimentaires avant la crise alimentaire, ainsi que lorsque les prix des importations seront plus abordables.

Enfin, le Malawi devrait renforcer ses filets de sécurité sociale, notamment en utilisant des transferts monétaires tant qu'il existe des approvisionnements alimentaires suffisants pour soutenir les achats et en garantissant que les populations urbaines sont prises en compte dans les programmes de protection sociale.