Mesurer l'Accès à la Nourriture : Pourquoi les Méthodes de Recherche sont Importantes
La sécurité alimentaire est une expression simple qui englobe un concept incroyablement complexe. La définition communément acceptée de la sécurité alimentaire, établie par la FAO en 1996, stipule que la sécurité alimentaire existe "lorsque toutes les personnes, à tout moment, ont un accès physique, social et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins et préférences alimentaires pour mener une vie saine et active". La recherche et les politiques liées à la sécurité alimentaire doivent tenir compte d'un large éventail de composantes, allant de la disponibilité et de la stabilité des sources alimentaires, à la qualité nutritionnelle et à la sécurité des aliments, en passant par la capacité des personnes à consommer des aliments qui répondent à leurs besoins culturels et à leurs préférences personnelles. Mais si les chercheurs ont établi un large éventail d'indicateurs pour aborder la sécurité alimentaire, il est souvent difficile de savoir quelle composante ou dimension de la sécurité alimentaire ces indicateurs sont censés, et capables, d'examiner.
Un nouvel article du Food and Nutrition Bulletin examine la dimension spécifique de l'accès à la nourriture au niveau des individus et des ménages et fournit un examen détaillé de neuf indicateurs couramment utilisés pour mesurer l'accès des personnes à la nourriture :
- Module de l'échelle de sécurité alimentaire des ménages (HFSSM)
- Échelle de sécurité alimentaire de l'Amérique latine et des Caraïbes (ELCSA)
- Échelle d'accès à l'insécurité alimentaire des ménages (HFIAS)
- Échelle de la faim dans les ménages (HHS)
- Indice de stratégie d'adaptation (CSI)
- CSI réduit
- Score de diversité alimentaire des ménages (HDDS)
- Score de diversité alimentaire des nourrissons et des jeunes enfants (IYCDDS)
- Score de diversité alimentaire des femmes et des individus (WDDS et IDDS)
La revue comprend l'objectif et la construction originale de chaque indicateur, la manière dont ils ont été utilisés dans les recherches antérieures et s'ils sont valides (c'est-à-dire qu'ils reflètent exactement ce qu'ils sont censés refléter) et équivalents (c'est-à-dire qu'ils peuvent être utilisés pour faire des comparaisons valables dans de multiples contextes). Ces indicateurs spécifiques ont été choisis parce qu'il est facile pour les gens de répondre et qu'ils sont donc particulièrement utiles pour les grandes enquêtes dans les pays en développement. Les auteurs regroupent ces indicateurs en indicateurs basés sur l'expérience (HFSSM, ELCSA, HFIAS, HHS), en stratégies d'adaptation (CSI, CSI réduit) et en indicateurs de diversité alimentaire (HDDS, IYCDDS, WDDS, IDDS).
Ils ont constaté que les indicateurs basés sur l'expérience peuvent être utiles pour suivre les changements dans le temps de l'accès à la nourriture au sein d'une population particulière, que les stratégies d'adaptation sont utiles pour comprendre les réactions comportementales à l'insécurité alimentaire et que les scores de diversité alimentaire peuvent mesurer avec précision l'apport alimentaire. Les auteurs concluent qu'aucun indicateur ne peut à lui seul rendre compte de toutes les complexités de la sécurité alimentaire. Les neuf indicateurs étudiés semblent rendre compte de manière adéquate de la quantité de nourriture (en termes de niveaux d'énergie fournis par les aliments) et les indicateurs individuels des scores de diversité alimentaire rendent compte de manière adéquate de la qualité des aliments (en termes de micronutriments). Toutefois, les neuf indicateurs ne tiennent pas compte d'autres éléments importants de l'accès à la nourriture, notamment la sécurité alimentaire et la question de savoir si les aliments répondent à des exigences culturelles et à des goûts personnels spécifiques. En outre, les indicateurs ont une validité variable. Les auteurs notent que les indicateurs HFSSM, ELCSA, HFIAS et HHS ont été validés dans un certain nombre de contextes alors que l'indicateur CSI n'a pas été entièrement testé et a donc été jugé de validité "inconnue".
L'étude a également révélé que de nombreuses publications qui utilisent ces indicateurs ne sont pas particulièrement claires quant aux composantes de l'accès à la nourriture qu'ils reflètent. Par exemple, alors que les indicateurs HDDS et FCS sont souvent utilisés pour mesurer la qualité des aliments, ils reposent en fait sur des données relatives à la diversité alimentaire, ce qui n'équivaut pas nécessairement à la qualité. Aucun de ces indicateurs n'a été évalué en fonction de sa capacité à mesurer la qualité alimentaire en termes de teneur en micronutriments.
Enfin, les auteurs soulignent la nécessité d'une validation plus poussée des indicateurs avec des tests de fiabilité et de performance. Ils notent également que la recherche devrait mettre en balance l'équivalence des indicateurs (en équilibrant leur capacité à être utilisés avec précision dans de multiples contextes avec leur signification pour des conditions spécifiques dans des lieux spécifiques). Par exemple, alors que les indicateurs qui se concentrent sur les formes les plus graves d'insécurité alimentaire, comme l'indicateur HHS, peuvent être utiles pour comparer les expériences d'insécurité alimentaire (en particulier, la quantité de nourriture) dans de multiples contextes et lieux, leur vision étroite peut les rendre moins utiles pour mesurer si la nourriture répond aux normes culturelles et aux préférences personnelles, car celles-ci ont tendance à varier selon le lieu et l'individu.
Pour avoir un véritable impact au niveau mondial, les futures recherches sur la sécurité alimentaire doivent tenir compte de multiples indicateurs et utiliser un cadre et une terminologie communs. Les chercheurs devront également s'assurer que les indicateurs utilisés sont réellement valables pour l'objectif déclaré du projet. Cela nécessitera des investissements importants pour mettre en place des efforts de collecte de données à grande échelle et réguliers dans un grand nombre de pays.