HARMONISATION DES DONNÉES SUR LES SYSTÈMES AGROALIMENTAIRES (SAA) POUR L'ÉTABLISSEMENT DE RAPPORTS ET L'ÉLABORATION DE POLITIQUES FONDÉES SUR DES DONNÉES CONCRÈTES AU RWANDA
Le système agroalimentaire du Rwanda est identifié comme un écosystème interconnecté d'acteurs et d'activités qui s'étendent à travers les différentes étapes du système alimentaire, de la production, de la transformation, de la distribution, de la consommation à la gestion des déchets. Il est au cœur de la transformation structurelle du pays, qui favorise la sécurité alimentaire et nutritionnelle, l'amélioration des moyens de subsistance et la croissance économique durable. Les données actuelles indiquent que l'AFS représente près des deux cinquièmes du PIB et représentait plus de 60 % de l'emploi total en 2022 (Xinshen Diao et al, 2025).
La disponibilité de données fiables, harmonisées et accessibles sur les systèmes alimentaires couvrant l'agriculture, la nutrition, les marchés, l'environnement, la santé et les moyens de subsistance est essentielle pour une planification intégrée et l'élaboration de politiques fondées sur des données probantes. La nécessité de disposer de données harmonisées s'aligne sur les cadres continentaux et nationaux, notamment la Déclaration de Kampala de 2025 sur la construction de systèmes agroalimentaires résilients en Afrique, les objectifs de développement durable (ODD), la Stratégie nationale de transformation (NST2) et le Plan stratégique de transformation de l'agriculture (PSTA 5). Ces cadres mettent l'accent sur la responsabilisation fondée sur les données afin de démontrer les progrès, d'identifier les lacunes et d'orienter l'allocation des ressources.
C'est dans ce contexte que le ministère de l'Agriculture et des Ressources animales (MINAGRI), en collaboration avec l'Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI) et d'autres partenaires clés, a organisé un atelier national de cinq jours à Musanze (du 06 au 10 octobre 2025) afin d'élaborer un cadre coordonné pour l'harmonisation des statistiques des systèmes agricoles et alimentaires.
Dans son allocution d'ouverture, Mme Chantal Ingabire, directrice générale de la planification au ministère de l'Agriculture et des Ressources animales, a souligné l'importance d'adopter une approche systémique dans la transformation des systèmes agroalimentaires du Rwanda. Elle a décrit le Plan stratégique pour la transformation de l'agriculture (PSTA 5) comme le cadre politique central guidant cette transformation qui vise à moderniser l'agriculture rwandaise en augmentant la productivité, en promouvant la valeur ajoutée, en élargissant l'accès aux marchés et en renforçant la résilience climatique. Elle a salué les progrès accomplis à ce jour, en particulier la création de l'Unité de coordination des systèmes alimentaires au sein du MINAGRI, qui joue un rôle central dans la promotion de la collaboration intersectorielle. Mme Chantal a également souligné la nécessité d'une plus grande inclusion du secteur privé et des organisations non gouvernementales (ONG), en reconnaissant leur rôle essentiel dans l'investissement, l'innovation et la prestation de services.
Le Dr James Warner, chef de programme pour le programme d'appui à la stratégie de l'IFPRI pour le Rwanda, a souligné l'importance de la mise en œuvre du PDDAA au Rwanda et de son alignement sur les priorités du système agroalimentaire national. Il a expliqué que la Déclaration de Kampala du PDDAA (2026-2035) marque un engagement continental renouvelé à transformer les systèmes agroalimentaires africains en moteurs d'une croissance inclusive et résiliente au changement climatique. Il a appelé à un meilleur alignement des indicateurs du Rwanda sur le cadre de suivi du PDDAA afin d'assurer la cohérence dans le suivi des progrès et la mobilisation des ressources. Il a souligné l'importance de quantifier les priorités émergentes telles que la résilience aux changements climatiques, notant que bien que le terme « changement climatique » soit mentionné près de 40 fois dans la PSTA 5, il reste insuffisamment mesuré. Il a conclu en réaffirmant le soutien de l'IFPRI au renforcement des capacités nationales en matière de collecte, d'analyse et de communication de données sur les systèmes alimentaires, permettant au Rwanda de générer des preuves opportunes qui éclairent les décisions d'investissement et renforcent la responsabilisation dans la réalisation des objectifs agricoles nationaux et continentaux.
Les contributions de la Dre Chantal et de la Dre James ont renforcé une vision commune : l'harmonisation des données est le fondement d'une gouvernance efficace des systèmes alimentaires. En alignant les indicateurs, en renforçant les systèmes de reporting et en intégrant des données intersectorielles, le Rwanda met en place l'infrastructure institutionnelle nécessaire à la transformation de ses systèmes agroalimentaires.
Participants à l'atelier de cinq jours
Ajoutant à la discussion, un représentant de l'équipe du Tableau de bord mondial des systèmes alimentaires a souligné les efforts en cours pour renforcer l'intégration des données et la gouvernance au sein du système agroalimentaire rwandais. L'initiative en cours présente des données provenant de sources multiples et diverses dans des graphiques simples et visuellement attrayants qui permettront aux parties prenantes d'établir des priorités d'action, de suivre les progrès et de voir si les politiques ou autres interventions en place atteignent leurs objectifs. Elle a souligné que le tableau de bord travaille d'arrache-pied pour harmoniser les sources de données internationales et nationales, en veillant à ce que les rapports sur les systèmes alimentaires du Rwanda reflètent à la fois les normes mondiales et les preuves générées localement pour une prise de décision plus éclairée.
L'atelier comprenait plusieurs sessions interactives concernant la conception de nouveaux indicateurs du système alimentaire à utiliser pour les contributions à un tableau de bord complet, animées par le Dr Sirikare Sylvère, le coordonnateur des systèmes agroalimentaires, qui a organisé cinq équipes différentes par cohérence thématique et alignement sur les résultats de la PSTA5. Au cours des discussions de groupe, chaque groupe a été invité à identifier des indicateurs clés pour l'élaboration de tableaux de bord et l'uniformité des rapports, justifiant leur sélection en fonction de leur pertinence et de leur mesurabilité.
Cet atelier a marqué une étape importante pour s'assurer que les décisions nationales en matière de planification et de politiques sont guidées par des données probantes exactes, opportunes et harmonisées, faisant progresser les engagements nationaux et continentaux envers des systèmes agroalimentaires résilients et inclusifs.
Serge Mugabo est chercheur associé principal au programme d'appui à la stratégie pour le Rwanda, aux stratégies de développement et à la gouvernance de l'IFPRI.
Dr James Warner est chef de programme pour le programme d'appui à la stratégie pour le Rwanda, les stratégies de développement et la gouvernance de l'IFPRI.