L’agriculture, en grande partie pluviale, est la principale source des moyens de subsistances des communautés rurales en Ethiopie. La sécheresse constitue un problème de longue date pour les agriculteurs éthiopiens, mais les communautés rurales font face à de nouveaux effets négatifs dus au changement climatique. Une nouvelle étude publiée dans la revue Agriculture & Food Security examine comment les petits exploitants agricoles perçoivent le changement climatique, quelles pratiques d’adaptation ils utilisent, et quels facteurs influencent les décisions d’adaptation des agriculteurs.
L’étude a été menée dans la Vallée centrale du Rift en Ethiopie. Les données quantitatives et qualitatives ont été collectées à travers des groupes de discussion, des entretiens avec des informateurs clés et des enquêtes de ménages. L’étude utilise un modèle logit multinominal afin d’identifier les facteurs qui influencent les stratégies d’adaptation des petits exploitants agricoles. L’étude a couvert un total de 200 échantillons de ménages sélectionnés.
Les résultats de l’étude montrent que 90 pour cent des agriculteurs sont conscients du changement climatique ; ils ont déclaré avoir observé des schémas pluviométriques plus courts et plus imprévisibles ainsi qu’une augmentation des températures au cours des 20 dernières années. Ces changements climatiques ont eu un impact négatif sur les agriculteurs en causant une sécheresse prolongée et en augmentant l’incidence des parasites et des maladies. Ces effets négatifs ont abouti à une baisse de la productivité des cultures majeures dans la région, d’où la difficulté pour les agriculteurs de maintenir la sécurité alimentaire.
En réponse à ces changements, 85 pour cent des agriculteurs enquêtés ont commencé à utiliser des pratiques telles que la diversification des cultures, l’ajustement de la date de plantation, la conservation du sol et de l’eau, l’intensité croissante de l’utilisation des intrants et la plantation des arbres. La majorité des ménages qui ont adopté la diversification des cultures a rapporté qu’elle le faisait grâce aux campagnes réalisées par les services de diffusion des informations agricoles du gouvernement local et des ONG.
Selon l’étude, les facteurs qui influencent le choix des agriculteurs en termes de pratiques d’adaptation incluent l’éducation des ménages, la taille des familles, le genre et l’âge du chef de ménage, la propriété des élevages, l’expérience en agriculture, la fréquence de contact avec les services de diffusion, la taille des exploitations agricoles, la pénurie de main-d’œuvre, l’accès aux marchés et les revenus. Bien que de nombreux agriculteurs aient commencé à adopter les pratiques d’agriculture intelligente face au climat en réponse aux changements observés dans les schémas climatiques, ils restent confrontés à plusieurs contraintes en termes d’adoption complète et efficace de ces pratiques. Le manque d’argent et d’éducation semble empêcher les agriculteurs d’obtenir des intrants agricoles ou d’appliquer les méthodes d’adaptation au maximum de leur potentiel.
Selon la perspective politique, ces conclusions impliquent que le rôle des gouvernements et des ONG est impératif pour soutenir les capacités des petits exploitants à s’adapter au changement climatique. Les auteurs suggèrent d’inclure les aspects suivants - informations sur le changement climatique, services de diffusion et amélioration de l’accès aux marchés - dans les programmes existants du gouvernement. De plus, des efforts devraient être accomplis pour aider les agriculteurs à accéder à des sources non-agricoles afin de diversifier les revenus des ménages et de protéger les ménages ruraux des chocs liés au climat.