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L’insécurité alimentaire persiste en Afrique de l’Est à cause du temps et des conflits

L’Ethiopie continue à faire face à une insécurité alimentaire accrue, en dépit des pluies soutenues en avril qui ont amélioré les perspectives pour la récolte de la saison « belg » de 2016, selon la dernière alerte régionale du FEWS Net.

Après un début tardif et une mauvaise performance des pluies de la saison « belg » tout au long du mois de mars, les précipitations ont effectivement augmenté au cours du mois d’avril, réduisant ainsi les déficits pluviométriques. Les semailles tardives retarderont tout de même les récoltes dans la région RNNPS, mais les récoltes nationales de la saison « belg » devraient être moyennes à légèrement inférieures à la moyenne ; des pluies supplémentaires attendues au cours des quelques semaines à venir continueront à améliorer les sources en eau, les pâturages, et permettront de planter à temps les cultures de la saison « meher », en particulier les cultures commerciales.

Cependant, les conditions de sécheresse découlant du cycle El Niño de 2015-2016 ont entraîné une baisse significative des récoltes et des pertes de bétail et ont réduit l’accès des ménages à la fois aux produits alimentaires et aux revenus en espèces à travers le pays. Par conséquent, on estime que 10,2 millions de personnes auront encore besoin d’aide alimentaire en 2016.

Les zones les plus affectées incluent Wag Himra, le Sud et l’Ouest de Hararghe, les zones pastorales du Shinile et le Sud d’Afar ; le rapport estime que les conditions de sécurité alimentaire d’urgence (IPC Phase 4) vont persister au moins jusqu’à septembre 2016 dans ces zones.

Les prix des céréales ont été généralement stables au cours des derniers mois, mais restent significativement plus élevés par rapport aux niveaux de l’année passée. Les ménages ont connu une baisse des revenus commerciaux provenant des ventes de khat, de bétail, de produits d’élevage et de café. Les opportunités de travail salarié et les taux de salaires ont baissé à l’Est et à l’Ouest de Hararghe et dans certaines zones de la région RNNPS à cause du nombre élevé de personnes qui recherchent un travail occasionnel pour compléter leur revenu agricole.

Cette combinaison de facteurs (production réduite, prix élevés des aliments et baisse des revenus des  ménages) traduit des niveaux élevés d’insécurité alimentaire dans de nombreux domaines. Au niveau national, les admissions d’enfants de moins de cinq ans souffrant de malnutrition dans des Programmes d’Alimentation Thérapeutique ont augmenté de 14 pour cent entre janvier et février 2016, et de 47 pour cent entre février 2015 et février 2016. Le rapport souligne aussi le besoin d’une augmentation significative de l’aide humanitaire ; les contributions actuelles n’ont financé que la moitié des besoins alimentaires identifiés dans le pays et les transferts à partir du programme productif de filets de sécurité (PSNP) se terminent généralement en juin. Ceci signifie que sans financement supplémentaire, la plus grande partie de l’aide prendra fin au moment où la saison creuse sera à son point culminant entre juin et septembre.

Le rapport stipule aussi qu’approximativement 1,7 million de ménages auront besoin de semences pour les plantations de la saison « meher » qui devraient se dérouler entre avril et juillet. Bien qu’approximativement 600.000 ménages aient reçu des semences dans le cadre des financements actuels, 1,1 million de ménages supplémentaires restent non ciblés. Les ménages qui ne sont pas en mesure de planter de manière adéquate pendant la saison « meher » pourraient continuer à faire face à l’insécurité alimentaire et à des revenus en baisse, même après la fin de la saison creuse en septembre.

Ailleurs en Afrique de l’Est, on note aussi des menaces à la sécurité alimentaire. Dans la région du haut Nil au Sud Soudan, la population devrait rester au niveau d’urgence (IPC Phase 4) d’insécurité alimentaire tout au long du printemps et de l’été, alors que certaines zones de l’Etat d’Unité Centrale du Sud Soudan devraient atteindre le niveau de catastrophe (IPC Phase 5) de l’insécurité alimentaire. Ces menaces se profilent en raison du prix très élevés des aliments de base découlant de la restriction des échanges, de la violence sporadique et de la dévaluation de la livre sud-soudanaise.

Au Soudan, le conflit au Darfour a déplacé approximativement 130.000 personnes depuis janvier ; ces populations sont confrontées à un accès réduit à l’aide humanitaire, aux marchés et aux opportunités de travail. Par conséquent, le Centre et le Sud du Darfour et des zones du Sud Kordofan vivent actuellement une situation d’urgence (IPC Phase 4) du niveau d’insécurité alimentaire.