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En avril 2016, le Président du Malawi a déclaré l’état d'urgence en réponse à la deuxième année consécutive de mauvaises récoltes de maïs. Au début de 2016, la production nationale de maïs n’a atteint que 2,4 millions de tonnes métriques, contre 3,2 tonnes métriques récoltées en moyenne annuelle. La communauté humanitaire internationale et le secteur privé ont réagi en mettant en place le Programme d’Intervention en matière d’Insécurité Alimentaire (FIRP), qui a permis d’apporter une aide à environ 40% de la population malawite. Le programme consistait en différents types d’aide : des dons en nature de céréales et d’huile ; des bons d’achat de maïs ; des transferts en espèces et des transferts d’argent par téléphone mobile.
Une note de politique récente du Programme de l’IFPRI pour l’Appui à la Stratégie du Malawi examine l’impact de ce programme sur les prix du maïs au Malawi.
Les auteurs ont comparé les prix au détail du maïs lors de la réponse humanitaire de 2016-2017 aux prix enregistrés en 2015-2016 et à un indice des prix saisonnier basé sur les prix enregistrés les cinq dernières années. Le rapport constate que les prix ont évolué de manière quelque peu paradoxale tout au long de la crise alimentaire. Alors que le prix saisonnier du maïs au Malawi connaît généralement un pic entre janvier et mars (période de soudure précédant la principale récolte de maïs), pendant la crise alimentaire, les prix ont atteint leur plus haut niveau en juillet-août 2016, puis ils ont baissé après cette période.
Le rapport constate que les volumes de cash et de bons distribués à travers le programme FIRP ont eu peu d’impact sur les prix quotidiens du maïs et répond aux questions suivantes : pourquoi les distributions de vivres en nature n’ont pas diminué les prix du maïs ? Et, pourquoi les transferts monétaires n’ont pas augmenté les prix ? Les auteurs soulignent qu’en général, une plus grande quantité de maïs dans un marché devrait faire baisser les prix, tandis qu’un afflux important de liquidités augmenterait la demande de maïs et, par conséquent, les prix du maïs. Cependant, à la fin de 2016, le programme est passé des transferts en espèces à des bons d’achat de maïs, ce qui a réduit l’impact inflationniste des transferts en espèces pendant la période de soudure. En outre, il est possible que bénéficiaires aient partagé leurs transferts de denrées alimentaires, ce qui a pu entraver l’impact déflationniste des bons d’achat de maïs.
Bien que les dons en nature de denrées alimentaires aient représenté environ 10 pour cent des besoins de consommation de maïs du pays, ces transferts ont également eu peu d’impact sur les prix quotidiens du maïs dans la plupart des marchés étudiés. En effet, seule une très petite quantité du maïs reçu grâce à des transferts en nature a ensuite été revendue. La plupart des personnes qui ont reçu des transferts en nature ont utilisé ces transferts pour couvrir environ 67% de leurs besoins en consommation de maïs ; la production propre à ces ménages représentait 19% supplémentaires. Ainsi, les bénéficiaires en nature non plus n’avaient pas vraiment besoin d’acheter du maïs sur le marché. Enfin, le programme FIRP a également distribué d’autres produits (tels que l’huile de cuisson et les légumineuses, ainsi que des céréales bio-fortifiées pour les enfants de moins de deux ans et les femmes enceintes et allaitantes) ; grâce à ces transferts les bénéficiaires ont été moins enclins à vendre le maïs reçu pour acheter d’autres produits alimentaires.
Le rapport a également examiné les liens entre les différents marchés intérieurs au Malawi et a constaté qu’en général, les marchés du maïs du pays sont mal interconnectés. Lorsque des liens existent, ils semblent s’étendre de la région centrale au Sud du pays, les prix du marché du Malawi central étant transmis (moins les frais de transport et autres coûts de commercialisation) aux autres marchés dans les deux ou trois jours.
Il est essentiel de comprendre comment les prix évoluent dans le pays et comment les différents types d’aide alimentaire ont influencé les prix intérieurs du maïs, pour concevoir les futures interventions humanitaires au Malawi et dans d’autres pays d'Afrique sub-saharienne.