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Des progrès sont nécessaires pour atteindre les objectifs de la déclaration de Malabo

Cet article a été publié pour la première fois sur IFPRI.org .

Il a été rédigé par Tsitsi Makombe et Julie Kurtz.

Lors de la déclaration de Malabo en 2014 , les dirigeants africains se sont engagés à réaliser un rapport biannuel (RB) à l’échelle du continent afin de mesurer les progrès faits sur sept objectifs, dont l’élimination de la faim et la réduction de moitié de la pauvreté d’ici 2025. Le rapport biannuel et les cartes de score pour la transformation agricole africaine (CSTAA) de 2019 , lancés les 9 et 10 février lors du 33 ième Sommet de l’Union Africaine (UA) , montrent que malgré les progrès effectués par les pays africains pour atteindre les objectifs de Malabo, le rythme de progression a ralenti.

La Commission de l’Union Africaine (CUA) et ses partenaires techniques, dont le Système de Support des Connaissances et des Analyses Régionales Stratégiques (ReSAKSS) de l’IFPRI ont apporté un nombre important d’améliorations au rapport biannuel (RB), tenant compte des recommandations indiquées sur le rapport biannuel inaugural de 2017.

Ces dernières inclues la prise en compte de quatre nouveaux indicateurs d’’insécurité et de santé alimentaires, des précisions concernant les définitions et mesures de sept indicateurs existants, l’organisation de formation à la rédaction des rapports biannuels au niveau continental, des outils aux états membres de l’Union Africaine, et l’introduction du rapport biannuel en ligne (eRB). Le eRB, développé par le ReSAKSS en partenariat avec la Commission de l’Union Africaine, est un outil en ligne de gestion de données permettant d’améliorer l’efficacité de l’accès et de la gestion de données.

Le RB de 2019 montre que 36 des 49 états membres de l’Union Africaine ont amélioré leur score global de transformation agricole par rapport à 2017. Il est toutefois important de noter que le score de référence du rapport de 2019 permettant de juger des progrès effectués afin d’atteindre les objectifs de Malabo d’ici 2025 est supérieur (6.66 sur 10) à celui de 2017 (3.94 sur 10). Quatre des 49 pays ont dépassé le score de référence de 2019 : le Rwanda (7.24), le Maroc (6.96), le Mali (6.82), et le Ghana (6.67). Le Ghana étant le seul pays qui n’allait pas dans la bonne direction en 2017 et qui a positivement évolué en 2019. Les trois autres pays étant déjà sur la bonne voie en 2017.

Sur les 20 pays (sur 47 pays au total) qui était sur la bonne voie en 2017, 17 se sont retrouvés avec des scores inférieurs au nouveau seuil de 2019. Cependant, seulement huit pays avaient un score inférieur à celui obtenu en 2017. Parmi les 36 pays qui ont eu un score supérieur en 2019, plusieurs ont réalisés des améliorations importantes : l’Angola, le Cameron, la République Démocratique du Congo, la Libéria, la Sierra Leone, et la Tunisie ont doublé (ou plus que doublé) leur score. Durant le Sommet, la Tunisie a été reconnue en tant que pays ayant le plus progressé par rapport à 2017, et les quatre autres pays ayant des scores supérieurs au seuil ont reçu des prix pour leur performance.

Le rapport biannuel de 2019 montre que l’Afrique, de manière globale, est actuellement sur le point d’atteindre un seul des sept objectifs de Malabo : « tripler les échanges intra-Afrique de produits agricoles » (objectif 5). Ceci reflète un ralentissement des progrès effectués. En 2017, le continent était en voie d’atteindre quatre des sept objectifs : en plus de l’objectif concernant les échanges, ceux-ci incluaient le réengagement au processus CAADP (objectif 1), la division par deux de la pauvreté grâce à l’agriculture (objectif 4), et la responsabilité mutuelle des actions et des résultats (objectif 7).

Le rapport démontre également que l’Afrique n’était pas prête à atteindre les autres engagements : améliorer le financement des investissement agricoles (objectif 2), supprimer la faim d’ici 2025 (objectif 3), et améliorer la résilience à la variabilité du climat (objectif 6). Aucun pays ne semble pouvoir atteindre l’objectif 2, et seulement quatre pays ont atteint le chiffre cible de 10% du budget national consacré au secteur agricole, une réduction de 10 pays qui avaient atteint cette cible en 2017.

Sur le thème de la Résilience et des Moyens de Subsistance , le rapport révèle que bien que le continent dans son ensemble ne soit pas en mesure d’atteindre l’objectif 6, 11 pays sont à présent sur la bonne voie – une amélioration depuis 2017 où seulement 7 pays étaient en mesure d’atteindre cet objectif.

Le continent a également fait des progrès concernant certains objectifs spécifiques tels qu’augmenter la surface totale bénéficiant d’irrigation (26 sur 41 pays sont sur la bonne voie) et établir des systèmes de sécurité alimentaire (46 sur 48 pays sont à présent prêt à atteindre cet objectif).

Chaque rapport biannuel représente une étape importante dans la promotion de la responsabilité sur le continent africain, et chaque pays semble déterminé à améliorer sa participation aux rapports biannuels: le taux de réponse global en 2019 était de 80% alors qu’il était de 75% en 2017, malgré une augmentation du nombre de paramètres demandés – 266 en 2019 vs. 166 en 2017.

Etant donné le ralentissement observé, le rapport suggère aux états membres de l’Union Africaine d’organiser des dialogues entre les participants nationaux pour examiner les résultats du second RB et d’apporter des réponses politiques et programmatiques concrètes afin de créer un élan vers les objectifs de 2015. En particulier, les pays devraient en priorité : 1) se concentrer sur les politiques, les institutions, et les capacités requises afin de mettre en place les plans d’investissements agricoles ; 2) augmenter les investissements agricoles et l’accès au financement ; 3) augmenter la productivité agricole en améliorant l’accès aux matières premières agricoles et à la technologie, et en créant des régimes fonciers sécurisés ; et 4) mettre en place des plateformes inclusives pour permettre une responsabilité mutuelle et l’évaluation par les pairs.

Il existe également un besoin important d’améliorer la disponibilité et la qualité des données, de renforcer les systèmes de données, et d’intégrer le processus de collection de données pour le RB dans les systèmes de gestion de données nationales. Ces mesures permettront à l’Afrique de réaliser sa transformation agricole et d’atteindre les objectifs de Malabo.

Tsitsi Makombe est Gestionnaire Sénior de Programme et Julie Kurtz est Chercheuse au sein du bureau de l’IFPR en Afrique.

Source: ifpri.org